Extrait du journal

Vers quatre heures du matin, la Chambre a rendu son verdict. A dix heures, les ministres se sont réunis en Conseil de cabinet. A la fin de la matinée, M. Daladier a remis sa démission au prési dent de là République. La situation désormais est claire. Les chiffres du scrutin à la Chambre sont, en effet, significa tifs : 239 voix pour le gouvernement, 300 abstentions. Le gros des effectifs restés fidèles au gouvernement est constitué par le groupe radical-socialiste et le groupe de la Fédération républicaine. Mais on doit compter, même chez les Valoisiens, parti dont M. Daladier est le président, 10 abstentions, et, dans le groupe de M. Marin, 13 abstentions. Par contre, se sont abstenus le groupe socialiste en bloc et le grande majorité de l’Alliance démocratique ou groupe Flandin. Dans tous les groupes, d’ailleurs, on peut dénombrer des abstentions. C’est dire que le scrutin de ce matin ne peut être couvert d’aucune étiquette politique. Est-il besoin de rappeler que nous sommes en temps de guerre ; que le gouvernement dispose de pouvoirs étendus, .presque discrétionnaires, et qu’aussi bien, durant l’ancienne guerre, seul le gouvernement de M. Painlevé fut mis en minorité, tandis que les autres présidents du Conseil; de 1914 à 1917, avaient donné d’eux-mêmes leur démission ? Le vote de la Chambre n’a fait d’ailleurs que corroborer le vote du Sénat. A la Haute Assemblée, les décisions sont, comme les salons, plus ouatées. Pourtant, 60 membres — et non des moindres — appartenant à divers groupes, s’étaient abstenus et la majorité avait voté un ordre du jour dont les termes, soigneu sement pesés, réclamaient « une énergie croissante ». Il arrive que le Sénat ne suive pas la Chambre, mais c’est une loi que la Chambre suit toujours en ces matières le Sénat....