Extrait du journal

salon, avec une aisance très rare chez; une jeune fille de son âge. M. de Prinac l’avait trouvée ravissante la veille; mais elle’lui parut dix fois plus belle maintenant. Elle portait un coquet petit chapeau noir, agrémenté de perles ; et sa toilette à l’anglaise faisait valoir tous: ses; avantages de forme;. A peine entrée, elle s’inclinait gracieu sement; allant elle-même au-devant du visiteur, elle lui tendit sans cérémonie sa i petite main finement gantée, et lui dit ave» précipitation : — Comme c’est aimable à vous, mon sieur, d’être venu vous enquérir de votre protégée ! Je vivrais cent ans que je n’oubliorai jamais, la soirée d’hier. Qu’on, vienne prétendre encore* qu’il n’y a plus en France de galants chevaliers ! — Depuis qu’ils ont renoncé à la lance et au destrier bardé de fer, il serait dif ficile de les reconnaître dans la rue, ré pondit M. dè Prinac. — Aussi, je ne regrette nullement d’a voir été. hier soir en butte aux insolences de mes voisins, puisque j’ai eu ainsi l’oc casion de voir par moi-même combien vous êtes compatissant pour la faiblesse en peine. La conversation continua quelque temps sur ce ton badin; le comte, de plus en plus charmé, ne songeait pas qu’il prolongeait sa visite au delà du quart d’heure réglementaire. Les yeux de la jeune fille, noirs, vifs et ombragés par de longs cils, le tenaient sous- le charme. Tout en l’écoutant, il sentait une foule de sensations inconnues jusqu’alors.lui- serrer le cœur. Enfin., il prit congé des deux dames,...