Extrait du journal

Nos lecteurs .savent qu’Henri Rochefort est en villégiature à Spa, où il se repose des fatigues du climat de Londres. Nous trou vons dans la Chronique, de Bruxelles, du 19 août, d’intéressantes notes de M. Marc Grégoire, sur le séjour, en ce coin charmant de la Belgique, de notre rédacteur en chef. Les appréciations de notre confrère belge auront pour nos lecteurs} nous en sommes certain, un plus sérieux attrait que nombre d’interviews plus tapageuses, mais moins sincères: Henri Rochefort restera à Spa jusqu’à la fin de la saison : Spa, c’est un peu la France, et l'eftilé tourne toujours son regard vers ce Paris qu’il aime par-dessus tout, et où il ne rentrera peut-être jamais. Ceux qui ne con naissent le célèbre pamphlétaire que par ses écrits et ses duels retentissants seraient bien surpris de trouver en Rochefort l’homme le plus doux, le plus cordial, le plus simple et le plus bienveillant qui soit. Il est adoré à Spa, où sa charité inépuisable s’exerce de la façon la plus discrète et la plus touchante. Quel qu’un qui le voit de très prés me disait, hier, qu’il faut le préserver contre les entraîne ments de son cœur. A l’hôtel où il loge, il est non pas seulement le meilleur client, mais aussi le plus commode et le plus facile. C’est un habitué de la salle de jeux, Où tout le monde le connaît et le salue avec sympathie.» Il s’est trouvé, l’autre jour, à Spa en même temps que M. Bourée, le distingué ministre de France. Ils se sont rencontrés 'dans le même restaurant... de loin. La chevelure de Rochefort est devenue toute blanche. Mais quelle mobilité dans la physio nomie, quelle expression dans le regard, per çant et vif comme jadis! Qui dirait, eu le voyant glisser sa plaque sur le tableau du baccara, que ce joueur bon enfant a été déporté à la ; Nouvelle-Calédonie, d’où il s’est évadé dan3 des conditions émouvantes, qu’il a , été con damné à la relégation perpétuelle, qu’il est _ déchu de ses droits civils et politiques et que lui, le représentant le plus autorisé de l’esprit français, est banni de cette terre fran çaise par la volonté de cette République que, plus que tou! autre, il a contribué à fonder? Ilabent su a {ata. . La France étant au» aiain» de tous lea...