Extrait du journal

personne qui rêve arrivèrent jusqu’à lui. Il écouta, et, pour mieux entendre il se rapprocha du lit. « Ah !— disait alors la comtesse par lant par saccades. —Je sais... Edmond... Edmond... maintenant... danseuse... j’ai vu ce soir, ce soir... II ne m’aime plus... il a peur... parle... à mon mari. » En ce moment, la dormeuse fit un lé ger mouvement qui dérangea sans doute le fil de ses idées, car elle cessa de re muer, les lèvres. Le front couvert d’une sueur froide, M. de Prinac avait écouté cet acte d’accu sation formulé par «a femme contre ellemême. Maintenant ses genoux fléchis saient sous lui; c’est que le doute qui vingt fois au moins lui était revenu à l’esprit était à tout jamais impossible, et u’il voyait lui échapper le dernier brin 'espoir auquel son amour, avant de s’engloutir dans un gouffre sans fond, cherchait instinctivement à s’accro cher. Cependant il ne s’éloigna pas tout de suite de cette chambre sur le tapis de la quelle il semblait cloué. L’oreille tendue, il écoutait toujours ; mais il ne songeait nullement à réveiller la dormeuse,"afin de connaître toute la mesure de son in famie. Une scène? il n’en voulait pas ; ce qu’il lui fallait, c’était le châtiment, et le châtiment aussi raffiné que possible. Quelques heures Avaient suffi pour le rendre impitoyable envers ceux qui le faisaient souffrir, lui qui, la veille en core, eût volontiers donné le meilleur de son sang pour eux. N’entendant plus rien, il rentra chez lui en proie à la plus terrible des pas...