Extrait du journal

Que le trouble où les événements d’Espagne jettent l’Europe n’ait pas retenu le fiihrer, cela est une constatation inquiétante. C’est proprement jeter d» l’huile sur le feu, au moment où les gouvernements ont tant besoin de ne pas aggraver une situation délicate et dont tous doivent redouter le pire. Nous n’avions pas besoin de ce nouveau brûlot. Les conséquences de ce sur-réarmement seront de toutes façons graves, et pour nous, Français, elles entraîneront la réorganisation totale de notre défense nationale. Le service de deux ans — je l'ai affirmé comme ministre de la Guerre— nous assurait avec beaucoup de peine et tout juste les effectifs strictement indispensables pour faire face à la situation née de la création d’une armée allemande de 36 divisions. Encore les calculs du gouvernement et de l’état-major faisaient-ils état de l’amitié italienne ; et la guerre civile d’Es pagne n’avait pas ajouté aux difficultés des problèmes méditerranéens. J’ai écrit ici depuis trois mois, sur la sécurité, des articles dont les conclusions ne sont que trop confirmées. Et l’événement actuel les marque d’insuffisance. C’est pour nous une question de vie ou de mort de faire le bilan de nos forces en présence de la situation de l’Europe et de consentir sans aucun retard les sacri fices nouveaux qu’il fera certainement apparaitre. Par-dessus tout,, c’est un devoir pour tous les Français de s’unir devant le danger que court la paix. Elle dépend en effet plus que jamais de notre union et de notre sang-froid. JEAN FABRY....