Extrait du journal
La saison des vacances nous porte davantage encore à penser aux enfants. Ceux qui vivent heureux dans une famille unie nous occupent moins, cependant, que les autres. Ils vont datas l’in souciance et la sécurité vers la plage ou la campagne se faire de la santé. Ils ignorent les dis cussions, les mots méchants qui mettent tant de surprise doulou reuse dans les yeux des enfants. Le père, la mère s’aiment, ou s’en tendent, ou se respectent suffi samment pour ne pas donner à leurs enfants le spectacle pitoya ble et dégradant de la mésentente. Les petits malheureux sont les enfants de divorcés. ^ Lorsqu’un divorce est prononcé, la garde des enfants est confiée à l’époux innocent. C’est' presque toujours la mère. Le tribunal ac corde une pension alimentaire qui doit assurer la subsistance à cette dernière et, jusqu’à leur majorité, aux enfants. Le père oublie sou vent de verser la pension. La femme lui écrit, le supplie, le menace. Elle l’attaque. Il est à nouveau condamné, ne paie tou jours pas. L’épouse ne peut le poursuivre chaque mois, ce qui occasionne des frais inutiles. Elle abandonne ses ^ démarches et se trouve ainsi dans la gêne, quelque fois même dans la misère. Il sem ble bien alors que le père ne doive plus avoir aucun droit sur son enfant ? Que le fait de se désinté resser de sa seule subsistance doive réclamer pour lui la dé chéance paternelle ? Il n’en est rien et certains cas prouvent bien que la loi n’est pas plus humaine que juste. *- ■ ^ ■S» ^ Une jeune femme a été aban donnée par son mari. Le divorce est prononcé en sa faveur, elle a la garde de l’enfant : une petite fille de. trois mois. Le père nè verse pas la pension alimentaire que lui a fixée le. tribunal. Après des demandes réitérées et inutiles, la mère se met au travail, gagne sa vie et celle de son enfant. Elle est dîme, courageuse, jolie. Un honnête garçon s’en éprend et l’épouse. Il s’attache au bébé, le fait élever- .C’est maintenant unê belle petite fille de neuf ans. Le nouveau père lui est si .dévoué qu’il en arrive à croire que cet enfant est le sien propre. Ainsi, une famille complètement heu reuse s’est reformée. L’enfant, qui n’a jamais su l’affreux passé, appelle papa celui qui, vraiment, par la logique, est son vrai père. Il y a quelques jours, le père et la fillette partaient au cinéma tout joyeux. Lorsque, sous la porte cochère, un homme étranger saisissait la main de l’enfant et l’attirait violemment à lui. Le père saisissait l’autre main de l’enfant. Et voilà la pauvre petite tirée de chaque côté par ces deux hommes qui la réclament. — Je suis son père. — Son père, c’est moi. — Je suis le premier mari. — Je suis le second, celui qui l’a élevée. Je me suis attaché cette enfant par tout ce que j’ai fait pour elle. — La loi m’accorde le droit de l’avoir un mois par an... — Vous l’avez abandonnée pen dant neuf ans ? — J’use de mon droit î S’imagine-t-on ce qui a dû se passer, dans le cœur de cette enfant ?... Tenue par les mains, à droite par un père, à gauche par l’autre ! On s’en fut au commis sariat de police. Le père véritable montra les papiers du tribunal l’autorisant à voir son enfant cha que semaine et à l’avoir un mois de vacances sur deux. £ £ Appelée, la mère se présenta, bouleversée, suppliante. Elle dit quelles souffrances elle avait sup portées, l’état de dénuement dans lequel l’avait laissée son mari qui jamais n’avait payé la pension ali mentaire. Elle révéla les bontés de son second mari qui était bien, de par le cœur et la justice humaine, le père véritable de l’enfant. Rien ne put convaincre la police. La fil lette dut être remise au père pour passer avec lui un mois de vacan ces. Elle quitte un' doux logis pai sible, des parents dignes, pour aller dans un milieu douteux de noceurs. C’est la loi. L’enfant appartient au père. Même s’il est élevé par un autre. Même si la mère abandon née, sans argent, a lutté pour l’empêcher de mourir de faim. Le père véritable est le coupable.C’est la loi abominable, celle dont nous ne voulons pas. Le père véritable n’est-il pas Celui qui fait son devoir ? . MAGDELEINE CHAUMONT....
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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