Extrait du journal

— La situation présente est la suivante : les peuples, (ne vous étonnez pas) sont aujourd'hui beaucoup moins nationalistes qu'aux environs de 1910 — je vous en prie, je parle des peuples, non pas des gouvernements. En fait, les peuples ont aujourd'hui déjà un sens international, car les nombreuses inventions nouvelles ont presque entièrement supprimé les frontières, comme vous savez. Certes, les peuples ont un sens international, mais ils luttent encore avec l'obscur sentiment du passé : la nécessité d'être, au fond, national. C'est pourquoi cette transformation s'opère avec une certaine confusion... Ce désarroi est exploité par des aventuriers, par des gouvernements de brigands (robber governments), très peu différenciés de certains généraux qui déclenchent un « pronunciamiento » dans des pays très chauds. Mais, justement, les peuples ont déjà un sentiment international ; les usurpateurs (par peur de ce sentiment) veulent les amener à l'extrême opposé par la contrainte brutale, au nationalisme centuplé ; bref, un nationalisme insensé. Il en résulte une certaine dissociation, un certain embarras — et .une partie du tragique que nous Vivons....