Extrait du journal
L'Irlande, en quelques jours, a perdu ses deux chefs Arthur Griffith et Michaël Collins le premier succombe aux suites de ses fatigues et de ses angoisses le second est tué dans une embuscade. L'Irlande libre survivra-t-elle à la disparition de ses deux pilotes ? Il faut l'espérer mais c'est, pour elle, une terrible épreuve. Un état qui nait à l'indépendance après des siècles d'oppression a besoin de guides .expérimentés. Comme autrefois le peuple hébreu, l'Irlande est sortie du royaume du Pharaon mais elle n'est pas encore entrée dans la Terre promise. C'est le triste effet d'une longue oppression qu'elle rend, au moins pour un temps, le peuple qui en a été victime inapte à la vie indépendante elle exaspère et aigrit les uns, abat et humilie les autres elle corrompt les âmes faibles, elle exhalte les fortes mais aux secondes elle fait perdre le sens de la mesure et cet esprit de transaction qui, en politique, est une ressource indispensable. Ce fut le grand mérite d'Arthur Griffith et de Michaël Collins, après avoir été des héros, de devenir, au bon sens du mot, des opportunistes, des hommes de transaction qui, ayant obtenu un résultat essentiel, inespéré, savent, du moins pour un temps, s'en satisfaire et, pour ainsi dire, s'y aménager. Griffith était un petit journaliste, patient et tenace, semeur d'idées. Ses journaux, toujours pourchassés par la police anglaise, tiraient à un petit nombre d'exemplaires, mais ils se colportaient sous le manteau ils finirent par convertir le peuple d'Irlande à une nouvelle tactique la résistance passive, la non participation à la vie du Royaume-Uni, l'abstention pacifique. C'est la méthode de guerre du sinnfinn. Griffith et ses amis affirmaient que cette tactique nouvelle amènerait surement la Couronne à composition et l'Irlande a l'indépendance. En 1916, Griffith refusa de pactiser avec la révolte qui semblait destinée à faire le jeu de l'Allemagne et qui devait aliéner à la cause irlandaise les sympathies de l'opinion dans les pays r libres. Griffith, journaliste, savait le pouvoir de l'opinion. Au contraire, après la fin de la grande guerre, il fut parmi les pies ardents ér soutenir, par tous les j moyens, la lutte pour l'indépendance contre le gouvernement anglais, aux côtés de Mjehaèl Collins et de Valera....
À propos
Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.
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