Extrait du journal

Depuis quelques mois. il semble bien qu'à Paris et ailleurs, certains Français inclinaient un peu trop il ne plus s'en soutenir. Derrière lu solide barrière qu'opposent à l'ennemi nos braves soldats, une atmosphère nouvelle dait en foimalinn qui ne ressemblait déjà plus il celle que nous avons connue au début de la uuerre. Sans joute, l'on ne saurait exiger d'un peuple une tension d'esprit toujours égale. Il convient même d'empêcher que la pensée de la lutte où ce peuple est engagé, ne tourne en une sorte de surexcitation nerveuse, susceptible elle-même de dégénérer en neurasthénie. Mais ce n'est pas de ce danger nue nous sommes menacés. Je craindrais plutôt -lue l'esprit de légèreté reprit parmi nous un peu trop de son ancienne inlluence. Notre gravite. celle qui sied à des gens de cœur, qui ne peuvent plus faire cent pas dans la rue sans y rencontrer les images de la Douleur et du Sacrifice, ne doit pas aller jusqu'à l'abattement. Mais notre courage, notre endurance, notre volonté, de « tenir n ne devraient, pas davantage aller jusqu'à l'amusement et. disons-le, jusqu'au plaisir. 11 y a. tout le long de l. ligne de feu. des Fiançais qui meurent pour nous, et notre sécurité n'est, faite que de l'héroïsme avec lequel ils se font tuer. Kt il y a, à l'arrière, des mères, des femmes, des fian-' r.-es et des petits enfants qui souffrent, qui pleurent, et qui ont sans dont* la pudeur de jours larmes, mais dont la vaillance mérite de n'être point offensée par certaines manifestations inconvenantes de l'indifférence ou de In joie des antres....