Extrait du journal

Autrefois, les Etats entretenaient leurs relations à peu près uniquement par la voie de leurs chancelleries. Les différends qui pouvaient s'élever entre eux n'étaient point discutés sur la place publique. On négociait dans le secret, en usant de ce langage diplomatique dont la courtoisie et la prudence étaient quasi proverbiales. Lorsque, parfois, les chefs d'Etat ou les ministres responsables traitaient, dans des discours officiels, d'un problème extérieur, |ls le faisaient en termes mesurés et circonspects, à travers lesquels feuls les initiés pouvaient déceler ia pensée des orateurs. Et si, d'aventure, une polémique s'engagelait de capitale à capitale, c'était toujours sur ce ton mineur qu'imposaient les convenances internationales. Au fond, les oppositions jetaient peut-être pas snoins vives qu'elles ne le sont, à cette heure, fliais on mettait plus de forme. Aujourd'hui, que de changements Pour les régimes totalitaires, tout se ramène à une question de force, et quand on n'est pas très sûr d'avoir la force pour soi, alors on bluffe comme un joueur de poker qui a un mauvais jeu dans les mains. Au langage ] mesuré des anciens diplomates, s'est substitué le vocabulaire tonitruant des démagogues. Les dictateurs modernes usent et abusent ] de mots violents, des expressions ] arrogantes et brutales. Ils aiment enfler la voix pour tenter, tour à ] tour, de jeter l'effroi autour d'eux 1 ou d'exploiter l'horreur que les peuples démocratiques ont de la ] guerre. n y a de tout dans cette iaçon d'agir du maquignonnage, du chantage, de la ruse, de la ] séduction, de la brutalité, du cy- 1 nisme, de l'hypocrisie et peut-être ( même qui sait ? une part de i sincérité....