Extrait du journal

C'est peut-etre le soir qu'on prend pour une aurore! Veut^etre la soleil vers qut l'homme est penché, Ce soleil Qu'on appelle 6 l'horizon qu'il dore. Ce soleil qu'cm espère est un soleil couché. Ces vers, que Victor Hugo inscrivait en tète de ses Chants du C'répuscule, nous reviennent aujourd'hui à la mémoire. Nous vivons de nouveau des jours d'angoisse, aussi oppressants que ceux où l'on pouvait craindre le triomphe de la tyrannie allemande. Depuis que la grande guerre a pris fin, nous avons vécu dans l'idée qu'aucune catastrophe ne pourrait être telle qu'elle nous privât des biens dont nous jouissons. Nous pensions que la civilisation chrétienne, la nôtre, était fondée sur le roc, tant le vieil Evangile y a introduit de pudeur, de douceur, d'honnêteté. de justice, d'humanité pour tout dire. Et nous nous apercevons qu'en réalité elle repose sur des sables mouvants et qu'elle pourrait s'effondrer en nous ensevelissant sous ses ruines, nous et toutes les créations dont nous étions 6i fiers....