Extrait du journal

Comme du côté des industriels, les débuts avaient été ependant favorables. J'étais allé voir Jouhaux avant la fin de la guerre, dans le célèbre local de la rue Grange-auxBelles, pour lui demander de désigner un représentant des ouvriers qui assisterait à tous nos conseils et s'assurerait par lui-même que nous travaillions pour le bien du peuple il m'écouta longtemps, avec cette puissance de silence qu'on lui connaît; puis il prit une note et me dit « Je marque le nom d'un camarade qui pourra peut-être faire votre affaire; mais, il faut d'abord que j'en parle à nos amis, car, vous le savez, on nous appelle les meneurs, et nous somries bien souvent les menés ». Le camarade vint me voir. Son apparence chétive et ses yeux loucheurs contrastent avec l'air vigoureux et le regard énergique de Jouhaux. mais il parlait davantage et il parlait bien. Rarement, j'ai entendu prononcer des paroles aussi bibliques que celles qui sortirent des lèvres de Marcel Laurent, le jour oà il vint me voir, et où, adossé à une cheminée, il m'exposa ce que lui et ses camarades voulaient faire pour « le Foyer »...