Extrait du journal

L'anéantissement de toute espèce d'union entre citoyens de même état ou profession, décrété le 14 juin 1791, par l'Assemblée constituante, paralysa son élan; mais, malgré les mesures prohibitives de la Révolution, malgré 1 interdiction par le Code pénal des associations de plus de vingt personnes qui ne se conformeraient pas « aux conditions qu'il plairait à l'autorité publique d'imposer », elle continua a cheminer au sein des masses populaires. Quelques sociétés de secours mutuels acc.eptèrent bien de se plier aux rigueurs auxquelles était assujettie leur constitution régulière et de se placer sous le contrôle de l'administration; mais, semblables à certains ruisseaux de montagne qui, après s'être formés des eaux libres de la nature, disparaissent subitement dans les profondeurs de la terre, s'y creusent un lit mystérieux, puis réapparaissent tout à coup dans une vallée lointaine, forcent les barrages et s'étalent ensuite paisiblement au soleil, de nombreuses confréries et associations similaires se reconstituèrent en silence et fonctionnèrent dans l'ombre, jusqu'au jour où elles obtinrent a nouveau, de la loi du ]5 juillet 1850, la reconnaissance de leur existence. La poussée mutualiste devint alors si puissante qu'au coup d'Etat du 2 décembre 1851, il y avait déjà 2.438 sociétés en fonctionnement, et que, moias d'un an après, le 26 mars 1852, Louis-Napoléon, président de la République, signait un décret qui prévoyait la création d'une société de secours mutuels dans chaque commune où l'utilité en aurait été déclarée par le préfet, après avis du conseil municipal, et qui consentait aux sociétés, dont les statuts auraient été approuvés, des avantages appréciables. Ce décret marque, aux dires du ministère du travail lui-même, CI la date officielle du point de départ de l'institution mutualiste actuelle Il constituait pour la mutualité un grand succès l'exilée était rentrée en grâce auprès des pouvoirs publics, et recevait même leur patronage....