Extrait du journal

Nous revenions de loin les anciens se souvenaient encore des luttes épiques de l'époque impériale, des guérillas arrêtant le maître de l'Europe, des combats de rue dans Saragosse. Le xix« siècle n'avait rien effacé, n'ayant pas créé d'intérêts communs. Des incidents retentissants, à présent oubliés, avaient montré la vivacité des susceptibilités éveillées. Il avait fallu l'infinie sagesse de la reine Marie-Christine, pendant sa douloureuse et noble régence, pour éviter des froissements plus graves. Retenez que cette grande Reine, d'origine autrichienne, était une catholique fervente et que bien des traits de la politique française avaient dû la choquer au fond de l'âme vous apprécierez mieux l'esprit de haute politique dont s'inspira son attitude à notre égard. L'Espagne, qui avait cessé de croire à l'amitié française, fut surprise de la trouver à ses côtés lors des déconvenues américaines de 1898. Notre peuple a des trésors d'enthousiasme et d'élan qui rachètent en quelques heures les erreurs de ses gouvernants. Il eut alors vers l'Espagne malheureuse un de ces sursauts spontanés et désintéressés que les âmes bien placées savent payer de retour. C'est à ce moment qu'on commença, à Madrid, à examiner les chances d'un rapprochement français....