Extrait du journal

Monsieur Henry Bordeaux est de nos Jours le peintre attitré de la femme chaate, de sensibilité délicate, et pour la définir d'un mot qui contient tout, d'âme chrétienne. Il nous en a déjà donaé toute une galerie et nous nous plaisons, à chaque nouveau portrait qu'il nous met sous les yeux, à retrouver dans les traits de ces figures idéales les plus nobles ressemblances. Si M. Henry Bordeaux ne prétend apparenter l'héroïne' de la Robe de laine qu'aux petites filles de nos contes et de nos légendes ruetiques, c'est excès de modestie. 'Je n'aurais point de peine, si je m'y appliquais, à lui trouver dee soeurs dans la plus noble famille des amoureuses de Racine, qui ont connu comme elle, la beauté de l'amour qui se voile et du sacrifice qui se tait. Car cette Raymonde est une des natures les plus légères, les plus ailées qui aient passé au fond des songes d'un artiste pure, diaphane, fée des neiges que déchirera et ensanglantera le premier vent du matin. Elle parle peu. Mais il est un mot qu'elle répète souvent, qui lui monte aux lèvres devant la révélation de l'amour et l'apparition de !a mort C'est si simple » Tout de ce monde lui semble simple, tant elle répand autour d'elle son harmonie intérieure la plus haute fortune ne l'éblouit pas, et cette femme que les premières et en somme assez menues désillusions du mariage Ont accablé sans retour, trouve en elle aseez d'héroisme moral pour accueillir la mort avec douceur. N'avait-elle pas dit ellemême. pendant ces fiançailles où sur son cheval daré, dans sa robe de la:ne blanche n, elle traverse triomphalement les bois tendus de brocart d'or et de pourpre par le grand apparat de l'automne...