Extrait du journal
Un mien et vieil ami, cw'é de cam- ] pagne, là-bas, dans mon cher Goê'llo, 1 m'écrit son plaisir d'avoir lu ici, le 1 mois dernier, l'histoire très jolie, très ] instructive, très révélatrice de prin- i cipes de Mme Vve Péguer, cette vénérable aïeule basse-bretonne qu'entoure c un bataillon de quatre-vingt-cinq enfants, petits-enfants et arrière-petits- ] enfants. Les familles de 8, 10, 12 en- 1 fants, écrit-il, étaient très communes dans notre Bretagne autrefois, c'est- 1 à-dire dans mon jeune temps, et les conditions d'existence de ces familles i étaient les mêmes que celles de la brave femme que vous citez. n C'est < vrai Chez nous, en Bretagne, Autre- ] fois et Aujourd'hui conservent des < points de ressemblance. La Bretagne, elle du moins, continue. Nous restons une province où la vie déborde. La i raison en est et mon correspondant n'a pas manqué de l'apercevoir que la Bretagne est l'une de nos rares ] provinces françaises où l'atmosphère soit favorable à la natalité. Car < il faut aux berceaux une atmosphère, a dit M. Isaac, et la natalité est un état d'âme n. Cet état d'âme est demeuré. dans l'ensemble, celui des Bretons (nous autres Bretons, nous croyons que l'homme doit plus à son sang ] qu'à lui-même). Le reste de la France, hélas, ne le partage pas. j Il est établi qu'en France on ne i veut plus d'enfants. < Hé dit-on, c'est que la vie est trop chère Que la i vie diminue, et vous verrez les statis- ( tiques de natalité remonter. Le mal i n'est pas sans remède. Le remède est dans l'apaisement des problèmes éco- i nomiques. Vous le croyez ? Vous êtes bien bon. Ou bien étourdi Vous < avez des yeux pour ne point voir. < Ouvrez-les donc, vos yeux ouvrez-les 1 tout grands, et vous constaterez que g nonobstant le prix du bifteck ou du < litre de vin, le bien-être de toutes les < classes de la nation ne cesse de progresser. Nos départements les plus 1 riches, où les fortunes privées abon- < dent, sont les moins prolifiques. Non, ce n'est point le cours du 3 marché qu'il faut surtout redresser, < mais bien la mentalité générale. Le < coupable, c'est l'horrible chacun pour i soi » du monde moderne. L'ère des 1 égoïsmes sacrés s'est ouverte simulta- 1 nément parmi les peuples et dans les c ménages. L'enfant a pris, ici, figure de gêneur. La vie passe il est logique de lui demander le plus de jouissances possible en attendant cette épou- 1 vante, la mort. Lorsque l'enfant parait, maintenant, le cercle de famille, au lieu d'applaudir à grands cris, hausse les épaules et fait entendre des paroles de commisération. Et c'est là réfléchissez-y un indice extrêmement grave que la Famille, chez nous, en France, a cessé d'être un centre de vie morale. Jamais encore une génération disons, si vous le voulez, une civilisation n'avait contesté que le premier devoir de l'être humain soit de se marier et d'avoir des enfants. Eh bien, la nôtre en est là....
À propos
Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.
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