Extrait du journal

Ensuite, on se réunit dans la maison iamiliale. c Salut humble demeure Les vieilles pierres doivent tressalll1r de joie d'avoir couvé un grand homme. On vide quelques bouteilles de vin du cru, ou de cidre de la vallée. Les journalistes s'en vont interroger les camarades d'école sur leurs souvenirs. Les plus sages se contentent c'est plus sûr de fabriquer eux-mêmes quelques anecdotes sur les modèles classiques. Pendant ce temps, M. le Ministre va retrouver dans sa chambre les beaux rêves du petit Joseph. ou du gros Charles. ou du bon Edouard. La République a été pour ces petits garçons modèles une marraine digne des fées. Le lendemain matin. M. le Ministre ou M. le Président se rend au cimetière, avec un air sincèrement recueilli Il s'approche de la tombe de ses '.arents comme autrefois il revendit vers eux, après la distribution des prix. les couronnes vertes et dorées passées à son bras comme les anneaux du jeu de grâces. Et 11 leur dit c Ça y est Je suis ministre. Vous devez être fiers d'avoir engendré un tel fils. Les morts se taisent, hélas On ne saura jamais s'ils sont si fiers Que cela, car il n'est pas sûr que les morts Jugent des vanités de ce monde comme font les vivants. Il ne reste plus qu'à tirer le bouquet. c'est-à-dire à prononcer un grand discours, où l'on proclame l'ouverture d'une ère nouvelle de paix et de bonheur. M. le Ministre entonne son air de bravoure. Le coq du village devient Chantecier, la crête au vent dressé sur ses ergots. Malheureusement Il ne peut pas affirmer comme Chantecler...