Extrait du journal

Je pourrais apporter pour ma défense une foule d'excellents arguments que l'Afrique étant un pays de plein soleil, il semble contre-indiqué de la visiter sous la pluie hivernale, que c'est l'été qu'on peut la surprendre sous son plus caractéristique aspect. n me serait permis, sans soulever trop de contradictions, d'affirmer qu'après les maussades juillet et août français, après le ciel gris foncé que nous n'avons abandonné qu'à Tarascon, il est fort agréable de rencontrer enfin un pays où les robes d'été soient de saison, le bronzage instantané et bon teint, l'ombrelle et le chapeau de paille à la mode, les boissons glacées délectables. Les Algérois, dégoûtées de notre été métropolitain, rallient en masse la côte africaine. Pourquoi ne pas les imiter ? Voilà tout ce que je pourrais dire pour justifter mes coups de soleil, en invoquant les grandes ombres de Fromentin, de Flaubert ou de Maupassant. N'est-il pas plus simple et plus exact de tout mettre sur le compte de la nécessité, d'avouer que je n'avais pas le choix de la saison et que je serai depuis longtemps au bout de mes loisirs quand commencera ce qu'on nomme à Alger, comme à Dinard, comme à Biarritz, comme au Caire, c la grande saison Cet aveu passé, je n'en suis que plus à l'aise pour proclamer mon espérance et ma foi en l'Algérie ardente d'été, qui n'a déçu aucun de ses admirateurs....