Extrait du journal

L'ordre du jour des Chambres, à la veille de leur rentrée, est à cet égard significatif. Budget, réparations, question d'Orient voilà la matière du travail qui s'offre à l'activité de nos élus. C'est de la politique, assurément, mais de la plus haul^ et de la plus générale, et les partis n'y cuveront point de quoi alimenter la • passion de discorde qui, pendant trop • fonf.emps, favorisa leur domination. Aprif cela lisez -*e*"îournaux, «l^.j>ous< tant' plus loin votre enquête, interrogez t,.v»s concitoyens de la ville ou de la camt pagne quelles sont les pensées et les préoccupations du moment ?. De temps en temps, quelques voix grincheuses s'élèvent ça et là, l'on entend de ces vieux mots de combat qui, naguère, résonnaient comme des fanfares et groupaient en c blocs hostiles gens da· la droite et gens de la gauche. Mais ces échos affaiblis de nos anciennes querelles ne font plus dresser l'oreille qu'à quelques « comitards endurcis qui ne se consolent pas de l'indifférence qui les entoure et du sourire méprisant que leurs propos comminatoires font fleurir aux lèvres des jeunes générations de la grande guerre. S'il existe encore parmi nous des hommes politiques pour s'imaginer qu'ils doivent accorder leurs idées et leurs programmes aux opinions éculées de ces vieux débris d'une époque qui n'est déjà plus que de la préhistoire, il faut les plaindre. Peut-être croient-ils que la volonté de renouvellement dont les élections législatives de 1919 furent la manifestation est, au' fond, moins forte que la résistance et l'esprit de revanche des anciennes équipes. En quoi ils se trompent, car le point faible de la majorité élue il f a trois ans, c'est précisément, si je ne tne trompe, de n'avoir pas répondu assez hardiment aux aspirations rénovatrices d'une France retrempée dans la lutte et rajeunie par la victoire et de s'être laissée, jusqu'à un certain point, mettre en tutelle par les survivants de la politique d'avant-guerre. Il se peut que la consultation électorale de 1924 ne ressemble pas dans ses résultats à celle du 16 novembre 1919; ce qui est sûr, c'est qu'elle ressemblera moins encore aux scrutins de 1902, de 1906, de 1910 et de 1914. Le fleuve qui nous emporte ne remontera pas en arriere et l'afflux régulier d'une jeunesse qui, chaque année, pousse devant elle les eléments vieillis du suffrage universel et peu à peu, mais impitoyablement, abolit leur influence, accélérera constamment la déroute des partis et des combinaisons politiques qui s'obstinent à patauger dans les ornières d'autrefois....