Extrait du journal

L'homme qui prend la barre fera-Uil mieux que ses prédécesseurs ?. Ce qui est sûr, c'est que les circonstances étaient telles qu'elles ont paru le désigner, et ceci explique la confiance dont il est l'objet. J'ai fait allusion vendredi à ses défauts, mais l'ai dit aussi ce que l'on pouvait attendre de ses qualités. Défauts ou qualités, nous n'avons plus le loisir d'en discuter nous n'avons que le devoir, tous tant que nous sommes et chacun à son poste, important ou modeste, de l'aider dans l'accomplissement de sa tâche. Hier, M. Clemenceau n'était qu'un homme politique indépendant, sans charge définie, sans commandement, et sans antre autorité que celle qui pouvait résulter de la concordance de ses sentiments avec les impressions de l'opinion publique. Aujourd'hui, il est le chef. Pilote de notre navire, de ce beau navire qui s'appelle la France et dont le pavillon fait rayonner dans l'effroyable tourmente quatorze siècles de la plus illustre histoire, il faut qu'il soit obéi, et il le sera. Tous les passagers et tout l'équipage ont les yeux fixés sur lui tous sont impatients, en exécutant ses ordres, de se dévouer à la patrie qu'il a lui-même juré de servir de tout son eosur et de toutes ses forces. Ayant autour de lui, poor le porter, pour l'inspirer, pour e soulever, en quelque sorte, au-dessus de ses propres moyens, l'assentiment de la plus noble, de la pins généreuse, de la plus vibrante, de le. plus héroïque des nations, de cette France incomparable dont Lloyd George proclamait, la semaine passée, que pas un peuple ne possède « an même degré qu'elle le don de se sacrifier pour la liberté 4n monde M. Clemenceau peut et doit réaliser de très grandes choses. Les réaKsera-Wl T s'égalera-t-il aux espérances dont «on nom est devenu soudain le symbole ?.. Encore une fois, nous n'avons plus le temps de répondre car déjà, sous l'impulr sion du nouveau pilote, tout le navire s'élance en frémissant. A Dieu vat 1.. Toutefois, ces voeux et ces espérances de Tâme nationale, ces élans et ces enthousiasmes rajeunis qui viennent de se rassembler autour de M. Clemenceau, nous conservons le droit et, bien plus, nous avons le devoir de les interpréter. La confiance qu'on lui témoigne et le loyal désir qu'on a de la lui maintenir jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la victoire, se justifient par sa réputation d'homme énergique et de patriote passionné. Il ne semble pas, en effet, qu'aux jours difficiles que nous traversons, le chef du gouvernement français puisse se méprendre sur les conditions du salut public. Ces conditions s'imposent à l'esprit si lumineusement et avec un tel caractère d'évidence, que la clairvoyance d'une intelligence moyenne doit suffire à les apercevoir. Mais l'intelligence qui conçoit, n'est rien sans la volonté qui décide et qui agit. Nous avons été trahis. Il faut découvrir les traîtres, où qu'ils soient et quels qu'ils soient. Et quels qu'ils soient, il faut les conduire au poteau d'exécution.C'est parce que M. Clemenceau a proclamé sans atténuations ni détours cette nécessité immédiate, que tous les bons Français se sont sentis irrésistiblement attirés vers lui. Dans sa campagne contre les défaitistes, les espions et les vendus, il a fait preuve de la plus salutaire vigueur. L'on s'est dit qu'avec lui, la justice ne traînerait pas, qu'elle ne serait ni boiteuse ni aveugle, qu'au contraire, elle saurait tout voir et, sans hésitations, sans complaisances, sans compromissions, brûler au fer rouge tous les centres d'infection. M. Clemenceau, président du conseil et ministre de la guerre, c'est pour le pays la certitude qu'aucun traître ne sera épargné et qu'à l'avenir les armées de la France n'auront plus à se battre contre deux sortes d'ennemis celui du front qui les attaque de face et qu'elles ne craignent pas, et celui de l'arrière qui, lâchement, les poignarde dans le dos, pour les trente deniers de Judas....