Extrait du journal

On s'est moqué des « stratèges en chambre ». On avait bien raison. J'observe cependant que, malgré la voix du 4ens commun, ces fameux stratèges se rultiplient depuis quelques mois. Passe pour les « critiques militaires », encore que leurs appréciations risquent souvent de s'égarer, puisqu'ils ne possèdent qu'une partie des éléments qui pourraient former leur jugement. Il y a de bons critiques militaires, et il y en a d'sssez mauvais, et quelques-uns d exécrables. Nous en avons un ici, que je lis toujours avec l'intérêt le ;Jus vif. Dans la presse parisienne, celui des Débats est assurément le plus exact, le plus compM, le plus digne d'attention. Aussi bien n'est-ce pas à proprement parler un « critique si l'on entend ^ar ce mot quelqu'un qui prétend à distribuer aux chefs de l'armée le blâme ou l'éloge ou, pius simplement, à leur proposer ses oonceptions propres. Son effort tend uniquement nous exposer la raison d'être et le mécanisme des opérations, telles qu'elles ap. graissent dans les communiqués des deux groupes de belligérants. A cette explication se borne, si je ne .me trompe, la tâche d'un écrivain militaire sérieux. L'avenir lui échappe, puisque l'état-major ne l'a pas mis dans ses confidences et que, d'ailleurs, la seule prudence patriotique l'engagerait, s'il pouvait en prévoir quelque chose, à garder le silence. Il ne connaît que le passé, et d'une connaissance forcément très imparfaite. Si malgré l'insuffisance de ses renseignements et l'impossibilité où il est de tout dire, il réussit néanmoins à nous intéresser en raisonnant congrûment. nous n'avons rien de mieux à lui demander....