Extrait du journal

Bapaume et Péronne, Roye, Noyon, Nesles, Ham, Chauny, Tergnier, demain, peut-être, d'autres villes les Allemands en retraite notre cavalerie et la cavalerie anglaise patrouillant dans de larges espaces, la bataille se déterrant, nos armées sortant des tranchées et s'avançant joyeusement dans le vent et les giboulées qui les fouettent au visage, et où elles respirent enfin ce grand air libre qui leur était refusé depuis trente mois quel changement Quel changement pour les braves qui se battent, et pour nous tous qui les suivons sur nos cartes, l'esprit tendu, l'ame anxieuse, le cœur gonflé d'espoir Sur l'immense mer, c'était le calme plat. Le navire n'avançait plus les voiles pendaient tristement le gouvernail n'agissait plus. Et puis, voici, çà et la, sur l'infini des eaux, quelques rides légères, quelques portions de l'étendue moins unies et qui, peu il peu, s'assombrissent de toutes petites hachures, et qui se réjoignent. Et bientôt, toute la mer revit. Cest la brise qui s'est levée, et qui fraîchit, et qui tend les voiles, et qui rend il l'homme de barre, redevenu le maître du navire, toute sa bonne humeur et tout son entrain. Dieu sait si, dans quelques heures, cette brise ne sera pas tempête mais qu'importe on n'en pouvait plus d'une immobilité si prolongée 1 S'il faut parer aux difficultés et au péril, on y parera. La coque est solide, le gréement en bon état le capitaine et les officiers sont gens de sang-froid et qui connaissent la manoeuvre et les matelots sont dignes d'eux. Le navire marche, et il y a un bon Dieu pour les marins....