Extrait du journal

En prenant connaissance des décrets du 22 avril, et en relisant car il faut le relire attentivement l'émouvant exposé de M. Paul Reynaud, tout Français doit avoir constamment présente à l'esprit la réalité que voici Par la volonté de deux dictateurs étrangers, par l'aveuglement qu'ils déterminent ou la terreur qu'ils inspirent aux peuples qu'ils ont subjugués, la France et la, Grande Bretagne sont contraintes d'organiser chez elles une économie, une fiscalité, un travail de guerre. Ce régime intérieur, l'Allemagne et l'Italie le pratiquent depuis quinze mois. Elles ont exigé de leurs usines d'armements une production de guerre, ce qui leur a permis, comme l'a rappelé notre ministre des Finances, de remporter, au cœur de l'Europe, de grandes victoires sans combat. Allemagne et Italie veulent continuer-, elles veulent pousser plus loin à la fois l'épreuve de force et l'épreuve de ruse. Seulement, maintenant, c'est à de grandes puissances qu'elles sont obligées de lancer le défi. L'oseront-elles ? En tout cas, il faut que nous soyons en mesure de relever ce défi. Nous ne le pouvons qu'en ajoutant 15 milliards aux £5 milliards déjà consacrés aux dépenses exceptionnelles de sécurité. Ces 15 milliards, nous devons les trouver dans des conditions et par des moyens qui ne ruinent pas notre monnaie, donc, en évitant tout procédé artificiel et toute inflation; en favorisant les rentrées d'or et de capitaux dont nous aurons grandement besoin, si le conflit éclate. Ainsi, il ne nous reste que trois procédés corrects, efficaces et rassurants l'impôt, les économies, le travail....