Extrait du journal

AU SERVICE DU PAYS M. Francis Charmes qui vient de disparaître et qui, depuis la mort de Brunetière, dirigeait la Revue des Deux Mondes, était l'un de i,os écrivains politiques les plus justement estimés. Il y avait toujours plaisir et profit à lire ses livres e'j ses chroniques, parce que son talent sobre et nerveux s'appuyait sur des connaissances très vastes. L'Académie française l'avait accueilli. Quant au Parlement, où M. Francis Charmes était entré voilà bien longtemps, il avait fini per le rejeter. Successivement député et sénateur, cet homme de grand cœur, de grande inteiligence et de grande culture, n'avait pu se plier aux tristes moeurs des nouvelles équipes politiciennes. Ce li". éral clairvoyant et fier refusait de se laisser emporter par le courant de démagogie qui, depuis une quinzaine d'années, entrainait aux catastrophes la plupart des élus et de leurs électeurs. C est à la veille des élections sénatoriales de 1912 que les délégués du Cantal lui signifièrent son congé. M. Francis Charmes avait voté en 1905 contre la réduction du service militaire à deux ans. Le Courrier de C Auvergne a publié < ces jours-ci le discours que M. Charmes adressa à ses électeurs pour leur exposer les raisons de ce vote. Il parlait sept ans après Tanger, un an après Agadir. 11 disait « L'horizon européen reste menaçant des bruits b vlliqueux nous arrivent par delà notre frontière de 1 Est; hier encore, nous assistions à des incidents douloureux pour notre patriotisme, comme ceux de Tanger et d'Agadir. 'Nous ne devons pas oublier que, à côté de nous, l'Allemagne, dont la population augmente chaque jour, déve- i loppe avec une activité fiévreuse et kmjours croissante ses fore militaires de terre et de mer. La France est le plus beau pays du monde; elle excite les convoitises r-- sa richesse, par les dons qu'elle a reçus de la nature, par son magnifique domaine colonial. » Les membres du Conseil supérieur 2e l'armée ont été unanimes à déclarer iue la réduction du service à deux ans aurait pour résultat d'affaiblir notre ar- mée les personnalités les plus versées dans les questions militaires étaient opposées à la loi nouvelle. Dès lors pouvais-je hésiter ? Je ne l'ai pas cru. Le souci de la défense nationale doit primer à mes yeux toutes les aut.res considérations...