Extrait du journal

Nous allons assister à la rentrée des Chambres et à la lutte sourde des partisans de M. Herriot contre le ministère qui a recueilli, voilà quelques semaines, l'héritage de ses illusions et de ses erreurs. Quand je dis « assister », j'entends donner à ce mot son sens complet. Nous ne sommes, en effet, et nous ne pouvons être que des spectateurs. Nous n'avons aucune part aux décisions d'un Gouvernement que nous n'avons point fait et dont la politique s'inspire d'idées et de sentiments qui nous sont, sur presque tous les points, nettement hostiles. Le Cartel des gauches règne depuis un an. Malgré la contradiction formjlle de ses promesses et de ses actes en 1924, annonce solennelle de la paix, du bien-être et de la prospérité; en 1925, complications intérieures et extérieures, v ie plus difficile, écrasement du contribuable, malaise général allant jusqu'à l'anxiété l'électeur français n'a pas encore compris la gravité de la crise où se débat le pays. L expérience à laquelle il avait donné, le 11 mai de l'année dernière, son assentiment et qui a pour règle pratique la formule « Pas d'ennemi! ci gauche sera continuée pendant quelque temps, jusqu'au jour où l'évidence d'une catastrophe imminente déterminera ce retournement de l'opinion que nous aurions voulu voir se produire a l'occasion des elections municipales et qui, peut-être, venant trop tard, n'aura plus la puissance de réparer le mal accompli. Ce jour-là, nous ferons, comme toujours, ce qui dépendra de nous, pour coopérer au reta-. blissement des affaires nationales. Mais, dès à présent, ne nous souciant pas d'entasser des responsabilités qui ne sont point les nôtres, nous prenons date, afin qu'il soit bien entendu que ce qui arrivera, nous l'avions pressenti et que ce n'est pas notre faute s'il existe, à la Chambre, une majorité de démagogues et d'utopistes, incapables de se plier aux préceptes du patriotisme et du bon sens. Encore une fois, quand il ne s'agit que des Intrigues et des agitations palementaires, nous sommes des spectateurs impuissants. Dans l'enceinte de ces ossemtlées, où le Cartel des gauches est maître, les Jeux sont faits. A peine entrevoit-on, pour les membres de l'opposition, la possibilité d'une action purement négative, tendant à la dissociation de la majorité par l'exploitation calculée et tenace des ferments de division qui la travaillent. Et par exemple, il serait de bonne guerre, puisqu'il est certain que le ministère' de !̃ Painlevé n'a pas les faveurs des amis de M. Blum et de M. Herriot, de ne pas le combattre systématiquement et. à l'occasion. de l'utiliser comme une barrière, si fragile qu'elle soit, contre les stupidités et les violences de l'extrême-gauche. Gustave Hervé, -qui n'est pas suspect de tendresse pour M. Painlevé et son équipe, écrivait, il y a quelques jours, ces lignes désabusées « La situation générale de l'Europe, l'état de nos finances et de notre crédit, la mésentente cordiale entre les Alliés, ne nous permettent pas de nous risquer à faire, en ce moment, la politique du pire ». C'est une opinion qui peut se soutenir. Sans y insister pour le moment, posons simplement cette vérité première que tout ce qui pourrait produire dans le Cartel une fissure, le présent ministère dût-il en profiter, doit être recherché et...