Extrait du journal

Anii, 24 janvier. En dépit de leurs déclarations tapageuses et des serments om peu rageurs de M. Albert Sérol, les socialistes ne sont guère disposés à faciliter la tâche d'assainissement matériel. politique et moral que M. Chautemps dévire accomplir. Voulant leur être agréable, et prendre quelques assurances du côté du groupe le plus nombreux de la Chambre, le chef du nouveau gouvernement a prononcé vendredi quelques paroles mettons excessives. Mais l'heure des flatteries est passée Le Président du Conseil ne conservera pas très longtemps, croyons-nous, le soutien des marxistes de la nr et de la IT Internationale. Participant au pouvoir, contraints officiellement de s'associer à l'œuvre de redressement économique et financier, les ministres socialistes, depuis plusieurs mois, parcouraient la province et y combattaient ouvertement la politique radicale de leurs collègues chargés de sau»•» le franc On se rappelle les propos incroyables de M. Paul Faure s'écriant, en décembre, dans une réunion publique organisée par son parti à Toulouse Il n'y a pas de ministre des Finances qui puisse nous tirer d'affaire, tant que le régime capitaliste n'aura pas été balayé. M. Dormoy avait joué, sur le mode mineur. le même air à Montluçon et M. Monnet développait sans cesse, ainsi que son ami M. Vincent Auriol, le même thème dans des entretiens semipublics à Paris. Des couloirs des ministères et des palais législatifs arrivaient vers la « direction radicale du gouvernement et vers la presse les considérations des chefs collectivistes en faveur d'un bouleversement complet de nos finances et de notre structure sociale. Ce sont ces campagnes qui, finalement, ont obligé le Président du Conseil à donner aux socialistes. le 14 janvier, la leçon sévère qui s'est terminée par leur exode. Maintenant qu'ils sont entièrement libres de leurs mouvements et de leurs discours, s'jBagine-t-on que les marxistes vont se ranger docilement, pour des mois et des mals, derrière le radicalisme homogène ? Ce serait bien surprenaat. Ils reparlent déjà du contrôle des changes; (voyez Le Peuple, organe de la C. G. T.): ils s'opposent à tout aménagement des quarante heures et réclament des réformes qui coûteraient près de dix milliards ils sont décidés à exiger le plus rigoureux contrôle cégétiste sur l'embauchage et le licenciement; bref, ils veulent systématiquement ignorer les conditions essentielles de la diminution des prix de revient, de la reprise des affaires, de l'équilibre financier, de l'ordre et de l'autorité dans l'usine comme dans l'Etat. Cette situation est grave, et l'équivoque sur laquelle elle se fonde ne peut pas durer longtemps. Une partie de la presse anglaise écrivait vendredi que l'accord des groupes de gauche à la Chambre et la promesse des socialistes de soutenir le cabinet présentaient un caractère purement symbolique C'est tout à fait exact. Selon la très juste observation de notre directeur Paul Simon, il y a maintenant au Palais-Bourbon une MAJORITÉ DE PROGRAMME et une MAJORITÉ DE PASSION. Elles sont loin de coïncider. La première, axée au centre et appuyée par le Sénat, compte au moins 360 députés: la seconde, axée à l'extrême-gauche, si l'on y comprenait les radicaux, compterait aussi 360 membres. Mais de plus en plus, les radicaux paraissant se détacher de cette formation passionnelle, tandis que les socialistes s'y cramponnent en s'efforçant d'intimider leurs voisins. Qui l'emportera ? C'est le dramatique problème de demain. II sera certainement résolu avant Pâques....