Extrait du journal

Des informations précises, que l'on trouve en particulier dans le Bulletin du Temps du 8, montrent le Fiihrer hésitant au dernier moment. On s'est flatté jusqu'à la fin. en Allemagne, que l'Angleterre et la France ne « feraient pas la guerre pour la Pologne et que celles-ci, à la dernière minute, mettraient les pouces. Les troupes allemandes devaient entrer en Pologne le samedi 26 août, toutes les dispositions étaient prises. Or, le 25, on ne sait au juste pourquoi, contre-ordre: du 26 au 29, hésitations. Le 29, un homme de confiance de Hitler révèle à un diplomate que son chef n'est trop engagé; un haut fonctionnaire de la Wilhelmotrasse affirme que la paix est assurée. Le 30, tout est changé. C'est la guerre. Hitler s'est-il cru inspiré par une de ces illuminations brusques qui jaillissant parfois comme une étincelle électrique du choc de son orgueil et de sa peur. On dit plutôt que c'est le néfaste aventurier Ribbentrop qui l'aurait persuadé qu'il pouvait, sans danger, prendre des gages d'abord et traiter ensuite, et qu'en tout cas la France ne suivrait pas l'Angleterre. Nous touchons ici du doigt le plan qui, vraisemblablement, est celui de Hitler,; c'est du moins l'avis des organes les mieux informés de pays tels que la Suisse. Le commandement de l'armée allemande pousserait rapidement ses bataillons précédés d'unités motorisées et de raids d'avions, vers Varsovie et occuperait le plus vite possible le territoire de la Pologne. Il se flattait d'y réussir en peu de temps et, sur ce point, l'événement ne lui donne que trop raison. Pendant qu'il se hâte d'en finir avec la Pologne, Hitler pense que la ligne Siegfried arrêtera les attaques des armées franco-britanniques. Alors se produirait une offensive de paix. Hitler, faisant le bon apôtre, promettrait peut-être de laisser subsister une petite Pologne, avec une indépendance nominale, comme il a fait pour la Tchéco-Slovaquie. II se tournerait vers la France et l'Angleterre et assurerait qu'il na leur demande rien que de reconnaître le fait accompli. Pourquoi, dirait-il, dans ces conditions, continuer une guerre sans objet ?...