Extrait du journal
l'horrible histoire d'un ménage sans amour et sans faute, où le désir n'est qu'une torture mutuelle et inavouée, que la mort seule peut interrompre. Jean Peloueyre est plus que laid il est répugnant, et il le sait. Mais Il est riche, et la volonté de sa famille le condamne & fonder un foyer. Noômi d'Artiailh qui est, elle, une fille saine, jolie, éclatante de jeunesse, est livrée à ce lépreux •, ligotée ce-vivant cadavre, et Jetée avec lui au ai de la vie. Ainsi procédait Carrier dans ses noyades de Nantes. Docile, la jeune fille ne songe pas à se défendre contre la toute-puissance de l'opinion commune, le décret sans appel de la sagesse bourgeois* On ne refuse pas le fils Peloueyre. On ne refuse pas des métairies dea troupeaux, des pièces d'argenterie, le linge de deux générations bien rangé dans des armoires larges, hautes et parfumées, des alliances avec ce qu'il y a de mieux dans les landes. Donc, flile obéissante, Noéml se soumet; chrétienne, elle s'efforce d'aimer celui qui lui est désigné pour époux. Mais la répulsion est la plus forte, invincible. Vous entrevoyez dès lors les remous de ce fétide marécage, de ce cercle d'enfer où vont tournoyer ces deux victimes innocentes et désolées, jusqu'à ce qu'une maladie miséricordieuse vienne clore les paupières rouges et sans cils de ce monstre sans méchanceté. M. Mauriac analyse cette douleur honteuse d'elle,même avec force, finesse, adrew. Il nous en fait ressentir toutes ies agisses et toutes les flact Hâtions. Et cette étude clinique d'une affreuse maladie de l'amour conjugal compose la matière d'un livre amer et désespérant, qui atteint parfois le fond de l'horreur, le point extrême qui dépasse même ce que le lecteur (qu1 n'est pas sans pitié) peut supporter par exemple dans cette description de la nuit de noces, d'une précision hideuse, sans un rayon de sentiment. Les deux pauvres êtres, que le sacrement a unis l'un 6 l'autre le jour mimi, y apparaissent au-dessous de la bête, plus déchus, plus tuisérables qu'elle. Le front brûlant, la ,gorge sèche, Qn implqre quelques gouttes du « lait de la tendresse humaine-», un peu de cette émotion que M. Mauriac a parcimonieusement réservée pour plus tard, pour d'autres nuits de cette lune de fiel Quelquetois Noémi avançant la main vers ce visage moins odieux puisqu'ellè ne le voyait plus, y sentait de chaudes larmes. Alors, pleine de remords et de pitié, comme dans l'amphithéâtre une vierge chrétienne d'un seul élan se jetait vers la bête, les yeux fermés, les lèvres serrées, elle étreignait ce malheureux. » I De quelle haine ou mieux, die quelle pi-...
À propos
Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.
En savoir plus Données de classification - mauriac
- poincaré
- lloyd george
- bataille
- andré lamandé
- bucaille
- anvers
- poincare
- wiener
- henry bataille
- france
- boulogne
- moscou
- londres
- russie
- genève
- angleterre
- italie
- washington
- caucase
- bourse de commerce
- union internationale
- daily mail
- ecole de médecine