Extrait du journal

homme dont la fortune favorisa l'adresse. Louis XIV, dont le faste et l'appétit de gloire épuisent le peuple et effraient les rois. refait contre lui la coalition de l'Europe, toujours conduite par l'Angleterre. Louis XV et ses ministres balancent entre l'alliance anglaise et l'alliance autrichienne, abandonnent nos colonies, traînent des guerres mal conduites. L'état de sa culture, la douceur de vivre, l'empire intellectuel qu'elle exerce voilent aux yeux de la France le déclin de sa puissance politique. Le peuple, las de ses maîtres, se lève pour gérer luimême ses affaires Louis XVI, pour n'avoir pas écouté la voix de Mirabeau, seul capable de sauver le trône en l'appuyant sur le peuple, paie les fautes des autres et ses indécisions. La Révolution tient tête à l'Europe. Napoléon apparaît comme son incarnation triomphante. vainqueur et peut-être pacificateur de l'Europe 's'll eût su rester le soldat de la liberté. Mais lorsqu'il s'abaisse au rôle de voleur de couronnes, dont il enrichit sa famille, et se grise du rêve de refaire l'empire de Charlemagne pour le souder à l'empire d'Alexandre, l'Europe se dresse contre lui. et l'écrase. Mais il admire encore sa gloire, en redoutant son ombre. De cette gloire et de cette crainte, nous payons encore la rançon. Lasse de guerres, la France, au cours du xnc siècle, use ses forces en révolutions. Lamartine, en 48, déclare la paix au monde et retarde de vingt ans la guerre européenne. Les imprudences du Second Empire en politique extérieure, le génie astucieux et féroce de Bismarck nous conduisent à Sedan, au rapt de rAlsace et de la Lorraine, il. la Commune. La France relève, une fois encore, par l'effet de sa prodigieuse vitalité. Mais elle brise son unité morale. Divisée contre ellemême, elle semble une proie, sur laquelle se jette enfin l'ennemi héréditaire, qui a cru l'heure venue. La justice de sa cause soulève en sa faveur la conscience universelle, l'héroïsme de ses soldats triomphe de la redoutable machine de guerre allemande. Elle sauve, en se sauvant elle-même, la liberté du monde et l'espoir de jours meilleurs. Trop heureux si, pour le prix du sacrifice offert par tant de jeunes cœurs, elle recouvrait. avec l'intégrité du sol national, la paix intérieure, l'oubli des discordes épuisantes qui l'avaient conduite au bord du désastre...