Extrait du journal

Voici comment le correspondant pa risien du Standard apprécie les scan daleuses manœuvres de la majorité républicaine que = gouverne M. Gam betta : Il serait intéressant de décider lequel est le plus despotique, le plus arbitrairement arrogant, la plus antilibéral, le plus exclu sif une fois au pouvoir, d'un bonapartiste, d'un orléaniste ou d'un républicain. Pour résoudre cette question, il faudrait posséder de rares facultés de discernement; mais lors que nous nous rappelons que les bonapar tistes sont pour le principe de l'autorité pur et simple, tandis que les deux autres partis prodiguent sur papier leur amour de la li berté, et cela à de grandes longueurs quand ils constituent l'opposition, nous pensons que la palme doit réellement être adjugée aux initiateurs de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Les exemples d'intolérance, d'oppression, d'abus de pouvoir que donne aujourd'hui la majorité n'ont été jamais égalés par l'empire à ses pires moments. Bonapartistes et légitimâtes sont invalidés à la Chambre des députés sur les plus min ces preuves. Après quelques réflexions sur les élus immaculés du suffrage universel quand il est républicain, l'écrivain anglais ajoute : Pendant que les républicains déploient ainsi à la Chambre leur intolérance contre leurs adversaires politiques, ils vont encore plus loin dans leurs journaux et, avec ce manque de consistance qui les caractérise, ces partisans du droit illimité de réunion publique poussent de terribles cris coatre lé gouvernement pour avoir permis aux pré lats catholiques de s'assembler et de pro tester contre la mutilation projetée de la loi sur l'enseignement supérieur. La République française, qui était habituée à attaquer férocement le gouvernement de l'ordre moral quand il empêchait les réu nions de révolutionnaires et de démagogues, dénonce la réunion des princes de l'Eglise comme un danger pour la société civile. Il est à craindre que le gouvernement qui est si faible, qui craint tellement de prendre un parti hardi et de dire en face à la majorité qu'il ne se prêtera pas à une politique de persécution contre les cléricaux quand ils respecteront la loi, il est à craindre qu'il ne s'abandonne comme un jouet aux mains de M. Gambetta. Donnons enfin la conclusion, qui n'est pas longue : Il nous reste à voir si l'administration de M. Dufaure se déshonorera en se faisant l'instrument de l'intolérance républicaine....