Extrait du journal

Nitnes, 18 avril 1880. Monsieur le président, Je viens d'accomplir le service annuel de ma visite pastorale, et j'ai recueilli partout l'expression de la vive et douloureuse in quiétude qu'excitent les décrets du 29 mars. On y voit, d'un commun accord, une grave atteinte à la liberté des consciences, un dffni de justice envers la compagnie de Jésus, une menace contre toutes les autres congrégations, une injure pour le clergé séculier, un danger pour la paix de l'Etat .et, dans un prochain avenir, la désolation et la ruine de la France. On se demande comment deux ministres ont pu proposer ces décrets néfastes à la si gnature du président de Ja République, et comment ce magistrat éminent a pu les si gner, malgré ce renom de sagesse et de modération qui rassurait à la fois la Fran ce et l'étranger sur le caractère de son gou vernement. Vous jouissiez vous-même, monsieur le président, de l'estime et de la confiance de l'Europe. Le rôle de persécuteur vous se rait odieux, et ceux qui connaissent votre loyauté et votre libéralisme, continuent à affirmer que vous ne livrerez jamais les dé pouilles des faibles aux puissants qui les demandent. Ces faibles, ce sont des capucins aux pieds nus et aux reins serrés d'une corde, qui évangélisent le peuple ; ce sont des chartreux qui prient dans leur cellule; ce sont des bénédictins qui travaillent dans leur bibliothèques; ce sont des jésuites, des...