Extrait du journal

— Comment, Alexandre! Toi, si heureux toujours, si gai dans les succès, si résigné dans les revers et les contre-temps! Toi, le Père la Joie! Est-ce ton examen qui te préoccupe? ou le procès de ton père? ou le mariage de ta sœur? » Il se rapprocha de moi, comme s'il n'osait me faire tout haut sa cruelle confidence. « Il s'agit bien de tout cela, vraiment! Il s'agit qu'il faut absolument que je plante-là le patronage... Il faut que je vous quitte tous... J'ai accepté celte promenade pour te faire mes adieux. « Je te charge, Marsyas, de trouver un prétexte honnête pour m'excuser auprès de ces Messieurs. Je. ne suis plus digne d'être leur collaborateur. Le moyen de continuer à prêcher à nos pauvres apprentis — sa yoix trembla malgré lui, en pensant à- ces enfants qui l'aimaient tant, auxquels il avait fait tant de bien — le moyen que je continue à leur prêcher ce dont je ne veux plus pour moimême? — Comment ? — Oui, je ne puis plus y tenir. Le mal est plus fort que moi. Il m'attire... Je suis ré solu à en goûter, pour avoir la paix. — Mais tu n'y penses pas, Alexandre. Après les bienfaits dont le cel t'a comblé, ne sens-tu pas que tu es un misérable ingrat? Avec ce que tu sais et oe que tu crois — je ne suppose pas que la foi t'ait quitté à première réquisition — ne sens-tu pas que tu es un in sensé? Que tu sois malheureux, outre que'tu le dis, il suffit, de te voir pour en être per suadé. — Je crois tout cela. Mais, je te le répète, le mal est plus fort que moi. — Il n'est pas plus fort que Dieu. As-tu déjà oublié les moyens d'ajquter à ta faiblesse la force de Dieu? Prie; confesse-toi. — Je ne veux pas, je ne me relèverais que pour retomber....