Extrait du journal

et de cheminement en usage dans les armées modernes, l’œil ne distinguera rien, et même sur des buts visibles mais mobiles, la mi trailleuse aux grandes distances ne peut donner que des résultats nuis ; le réglage de son tir est très difficile, l’observation des coups souvent impossible ; les munitions seraient donc brûlées en pure perte. Aux moyennes distances (de 600 à 1.200 mètres) une troupe d’infanterie, bien postée et bien terrée, réduirait promptement au silence les mitrailleuses qui se montreraient à décou vert. Celles-ci pourront se cacher, mais alors leur tir sera gêné et leur réglage incertain. C’est donc aux petites distances (à 600 mè tres et au-dessous) que la mitrailleuse ren dra tous les services qu’on peut attendre d’elle. C’est qu’en effet « ce terrible arrosoir du diable, disent les Russes, ne connaît ni faiblesse de cœur ni tension nerveuse ». En cette période ultime de combat, la mitrail leuse n’aura plus devant elle que des hom mes impressionnés, émus, qui tireront mal et trop haut, et dont le feu sera par suite peu dangereux. L’expérience des guerres les plus récen tes confirme cette théorie. En Mandcli,ourie comme au Maroc, c’est aux petites distances que les mitrailleuses ont produit leurs effets foudroyants. Dans l’offensive, elles accom pagnaient les troupes d’assaut, prenaient pied sur la position conquise et -s’opposaient à tout retour de l’ennemi. Dans la défensive, en se démasquant au moment favorable elles a relaient victorieusement les attaques. Elles constituaient aussi le meilleur flanquement pour une aile - menacée, comme le moyen le plus efficace d’interdire le passage d’un pont, d’un défilé, etc. Adjointes à la cavalerie, les mitrailleuses lui rendront souvent les mêmes services qu’un soutien d’infanterie. Bien postées à l’avance sur une position de repli, elles couvriront la retraite contrainte ou simulée de la cavalerie amie et accueilleront les poursuivants par un feu de surprise meurtier. Quelques officiers ont proposé d’attribuer une section de mitrailleuses à l’artillerie de chaque division d’infanterie et aux groupes une conception fâcheuse dont la réalisation nous ferait retomber dans les erreurs du passé, en tendant, à transformer de nouveau la mitrailleuse en pièce d’artillerie....