Extrait du journal

menaçait à chaque instant de s’ébranler pour aller chercher, de ce coté de la vieille Europe, un ciel plus doux et une terre plus verte ! U n’y a pas dix ans, on menaçait encore le Rhin d’une invasion des Rus ses. Eh bien ! les Russes ne sont pas venus, et les Russes ne viendront pas. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de venir affronter la civilisation occidentale, ils se sont laissés attaquer par clic ; parce qu’au lieu de venir dompter le progrès, ils se sont laissés subjuguer par lui ; parce qu’au lieu de venir absorber l’Europe policée, c’est l’Europe policée qui les absorbe. Ils rêvaient la conquête, et ils ont été conquis. L’Empereur Alexandre a déjà pris I initiative de l’émancipation des serfs, et voilà qu’aujourd’hui le hord-Post /courrier du Nord), annonce que le conseil de l’empire délibère sur des projets de lois relatifs aux tribunaux, à la police et à la constitution des communes. Il est aussi question de diètes de gouvernement, com posées de délégués nommés par des assemblées de district qui représenteront toutes les classes de la so ciété. Ces diètes se rassembleront une fois par an. Chaque gouvernement aura un régent qui sera chargé du pouvoir exécutif ; ce régent sera nommé par l’élec tion. Tels sont les termes delà dépêche qui a dù frapper hier l’attention de nos lecteurs. Nous croyons devoir les reproduire pour en marquer l’importance. Ils con tiennent, en eifet, en germe tout un plan d’organisa tion communale, municipale el judiciaire. Nous entre voyons, dans les diètes de gouvernement se réunissant tous les ans, nos conseils généraux, el nos préfets dans les régents. Le gouvernement irait même jusqu’à con fier à l’élection le choix de ces derniers magistrats. Il y a probablement dans ce programme un peu d’exagération, Maison remarquera avec nous que sa simple publication ne manque pas de signification. Elle établit au moins que, si le gouvernement du ezar n’est pas encore assez avancé pour octroyer toutes les institutions dont il s’agit, il est assez pénétré de l’esprit moderne pour ne pas trouver mauvais qu’on lui en prête l’intention. Jadis on eût envoyé l’auteur de l’article du Xord-Post en Sibérie, et pour bien moins. Comment concilier pourtant ces dispositions libéra les de la cour de Saint-Pétersbourg* vis-à-vis de ses sujets anciens de la Moscovie avec les résistances opiniâtres quelle oppose aux légitimes prétentions de ses nouveaux sujets de Pologne? Les nouvelles de la Servie transmises par les corres pondances accusent une situation assez embarrassée. Le prince Michel a accepté la décision de la conférence de Constantinople, et s’est hâté d’en exécuter les clau ses ; mais la population a eu moins d’empressement. Elle a fait à l’œuvre de la diplomatie un accueil si peu sympathique, qu’il n’est question de rien moins, dans la principauté, que de rappeler le fils de K ara georgewilz. Notons, pourtant, comme circonstance atténuante, que l’assertion nous vient de Vienne. Du reste, les conditions de la transaction s’exécutent tant bien que mal ; tes milices désarment, les rues se débarrassent des barricades, et les garnisons turques rentrent dans leurs forteresses. Tout cela n’est peut-être pas la paix, comme l’Europe l’avait espéré, mais e’est au moins une trêve. Les journaux américains nous ont apporté le texte de la proclamation du président du Nord, relativement à la suspension de Vhabeas corons. Il paraîtrait, d’après les termes de cet acte, que la mesure aurait été moti vée par deux raisons principales ; en premier lieu, parce que le tirage au sort rencontrait généralement...