Extrait du journal

DEUXIEME PARTIE. LES FILLEb IJE CABAML. Je ne saurais dire combien l’aspect de cette jeune fille in téressait et reposait, parmi ces mornes émanations du passé, et aussi, faut-il ajouter, parmi les menaces plus cruelles de l’avenir. 11 y avait en elle comme une garantie de bonheur. Elle était une consolation et une force; on eût tout osé avec elle et par elle. Elle écouta pendant quelques secondes, et plongée dans sa distraction, le son de la cloche qui allait dans l’air, mou rant par ondées décroissantes. Son grand œil noir brilla tout à coup et un sourire essaya de naître autour de ses lèv res pâlies. — C’est beau, une épée.! dit-elle. Puis, ramenant ses paupières sur 1 éclair de ses yeux : — Si j’avais été Blanche, ma pauvre sœur chérie, j’aurais prévu le malheur... Quand on tarde trop, le mauvais sort profite. . Si elle avait été la femme de César, César vivrait et la défendrait, ainsi que nous tous, lui qui était beau et brave comme un lion! Elle soupira. Pourquoi soupirait-elle? Un vent de mélan colie avait passé sur sa beauté. A ses longs cils tremblait une perle humide. Mais ce fut l’affaire d’un instant. Son œil hardi se releva, tandis qu’un léger froncement rapprochait les courbes déli cates de ses sourcils. — Il est tout jeune! murmura-t-elle. 11 a l’air doux et bon comme un enfant. Le soleil donnait sur l’acier de son épée et me revenait dans les yeux. Est-ce les yeux qu’il faut dire ?...