Extrait du journal
naine et BeVues L’apparition à la Chambre du doc teur Grenier, le député musulman de Pontarlier, était attendue avec une légitime curiosité. Celle curiosité n’a point été déçue, car l’apparition a été tout à fait sensationnelle. Il était intéressant de recueillir 5 ce sujet les impressions de quelques députés. C’est ce qu’a fait le Gau lois : M, Chauvin. — Comme coiffeur, le seul point qui m’intéresse, c’est ce que cache ce turban ; ne pourrait-on obliger M. Grenier à le laisser au vestiaire? Les cheveux sont-ils ras, longs ou en brousse... en brosse, veux-je dire ? La tête est-elle rasée avec une seule petite touffe au sommet, tel un désert égayé d’une petite oasis ? Le saurons-nous ja mais ? M. Jaurès. — Je n’admettrai jamais qu’un homme, un seul homme, fùt-il dix fois plus du Midi que moi, accapare plus de vingt mètres de lainage et de mous seline pour son usage particulier, quand il y a des malheureux qui ont tant de mal à joindre les deux bouts... de leurs vêtement. Avec ce que l’Algérie a de trop en burnous, on donnerait des mou choirs à tous les verriers du monde... Mais cette question-là viendra à son heure. M. Faberot. — Je proteste de toutes mes forces, nous dit le député chapelier contre l’admission de M. Grenier dans un pareil accoutrement, et voici pour quoi : Qu’est-ce qui use les chapeaux? C’est de saluer, tout le monde sait ça ; or, comment saluera M. Grenier, qui n a pas de chapeau ? En étendant les mains en avant et en se courbant. Alors il n usera pas de chapeau et si tout le monde se met à suivre cet usage, on n usera plus jamais de chapeaux et alors que deviendra la chapellerie française ? M. Doumer. — Il a embrassé la tri bune et les marches qui conduisent à la salle des séances. Je 11e saurais l’en blâ mer, puisque c’est sa conviction. Et l’on n’embrasse pas toujours ce que l’on veut, j’en sais quelque chose. Et puis, entre nous, tous les regards étaient dirigés sur lui, et, pendant ce temps-là, personne ne pensait à moi, M. le comte de Bernis. — Très jolie, cetle idée de venir à la Chambre en bur nous. Mais, pourquoi un burnous blanc? Un burnous rouge, je comprendrais. Ça pourrait servir dans les courses de tau reaux. Voyez-vous le docteur Grenier embrassant trois fois un taureau sur le front avant de lui donner le coup de errâce ? Le Midi en baverait....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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