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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 17 juin 1909

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
17 juin 1909


Extrait du journal

Saint-Cannat Je viens de passer trois jours dans celle admirable région aixoise qui, depuis vendre di soir, a vu la mort et la misère succéder à la joie et à la prospérité. Les mots sont impuissants à donner une idée même lointaine des terribles effets du tremblement de terre à Saint-Cannat, à Lambesc, à Kugncs, à Venelles, etc. Le spectacle offert par ces malheureuses villes délie toute description. A Saint-Cannat, la moitié des maisons se sont écroulées et celles qui sont restées de bout ont été si ébranlées que le moindre choc suffirait à les renverser. On ne voit partout, dans la partie la moins éprouvée du bourg, que toitures crevées, que murs lé zardés, que façades qui menacent ruines. On peut dire que tous les habitants cou chent hors de leur domicile, les uns parce que leur maison n’est plus qu’un amas de décombres, les autres parce qu’ils 11e se sen tent plus en sûreté dans leur demeure, Des soldats du génie ont été envoyés d’Avignon pour déblayer les décombres, pour étayer les .maisons dont les murs n’ont pas été trop secoués et pour achever de dé molir celles qui ne sont plus habitables et ne sauraient être préservées d’un effondre ment. En effet, des lors que ces dernières sont vouées à une destruction prochaine et même imminente, car le moindre vent un peu fort, la moindre pluie un peu abondante en amènerait l’éboulement, on a jugé plus pratique et plus sûr de hâter l’œuvre d’a néantissement et de délivrer le pays du péril que coustitue la présence de ces immeubles chancelants. Ils allaient, ils devaient tom ber ; en les jetant à bas, on n’a fait que prendre les devants. Les soldats se seraient exposés à la mort s’ils étaient montés sur ces maisons — ces masures plutôt — pour aider à leur démoli tion. Ils ont dû user d’un moyen moins dangereux, celui dont se servent les bûche rons pour abattre un arbre après que la base en a été sciée. Ils ont, parfois non sans peine, passé une corde derrière la muraille qu’il s’agissait de détruire et, en s’y met tant à quinze ou à vingt, par des secousses répétées, ils sont parvenus à l’entraîner sur le sol. J’ai vu ainsi une équipe de soldais du génie, après a voit tiré pendant un quart d’heure sur une corde ainsi placée, amener à eux d’un seul coup toute la façade d’une maison. J’en ai vu d’autres qui, à l’aide de pé trole, incendiaient une maison ou plutôt ses débris. Un cheval s’était trouvé pris sous l’éboulement et, malgré toutes les tenta tives faites pour retirer son cadavre, on n’avait pu le dégager. Le soleil aidant, la décomposition du corps de la pauvre bête avait fait des progrès tels que le village en était empesté. La présence de ce foyer d’infeclion constituait un danger permanent pour la santé publique. Il fallait, sans re tard, en finir avec cette pestilence. Les sol dats ont donc arrosé de pétrole les décom bres sous lesquels le cadavre achevait de pourrir et y ont mis le feu, pendant que d’autres disposaient une pompe à incendie et se tenaient prêts à intervenir pour empê cher les flammes de -ee propager dans le,...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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