Extrait du journal

A moins de huit jours de l’inaugu ration officielle de l’Exposition, on as siste à une recrudescence d’agitation. Les organisations révolutionnaires continuent à ignorer la trêve proclamée par M. Léon Blum et le gouvernement de Front populaire. Nous sommes menacés d’une grève des employés d’hôtels, de cafés et de restaurants. Dans 1’ <( Humanité » M. Jacquet écrit sans détours que cette grève écla tera à la veille de l’Exposition, s’il n’est pas donné satisfaction aux reven dications ouvrières. Paris sans hôtels, sans restaurants et sans cafés, ce serait assurément une excellente propagande pour attirer les visiteurs et les touristes étrangers. Nul doute que ceux-ci n’accourent en foule et avec empressement dans une ville où ils ne sont assurés de trou ver ni un lit pour dormir, ni une tasse de café pour déjeuner. Décidément, nos hôtes ne pourront qu’être charmés. Ils auront la délicieuse impression, en venant chez nous, d’entreprendre une hasardeuse et palpitante expédition dans la brousse, ignorant chaque ma tin s’ils trouveront, le soir, le gîte et le couvert. A quoi tend cette agitation ? Traduit-elle une volonté arrêtée de saboter 1*Exposition jusqu’à tant que !e gouvernement ait cédé sur la question des grands travaux et sur le fameux emprunt de 10 milliards réclamé par M. Arrachard, secrétaire général de la Fédération du Bâtiment, l une des plus communistes parmi les grandes organisations ouvrières ? On pourrait le penser, à considérer les incidents qui se multiplient sur les chantiers de l’Exposition. Malgré les appels du gouvernement, malgré I offre d’un salaire de 240 fr. par jour — chiffre révélé à la tribune de la Chambre par M. Jean Montignv, député de la Sarthe — le travail n’a guère, dimanche, été plus actif que les dimanches précédents. M. Labbé, commissaire général, a reconnu que si depuis le début de l'an née, on avait régulièrement travaillé sur les chantiers les samedis et les di manches, I Exposition aurait pu être prête au début de mai. Le sera-t-elle le 24 de ce mois ? Certes, on pourra toujours l’inaugurer officiellement au milieu des plâtras et des échafaudages. Mais il paraît peu...