Extrait du journal
hors de cause, le doute n’existait donc plus qu’entre le baron de Blinière et Louis Chambon. Accoutumé aux mœurs du monde équivoque dans lequel s’était passée sa jeunesse et où il faisait encore de fréquentes excursions, le baron, d’ailleurs peu enclin à la modestie, n’hésita pas à croire qu’il eût été remarqué par Athénais et n’admit pas un instant que celle-ci eût pu être arrêtée par sa qualité d’homme marié. De son côté, Lous Chambon, plus jeune que le baron de Blinière et se refusant à voir un rival dans un homme qui avait dépassé la quarantaine, prit pour lui seul le désir de plaire qui se manifestait dans le rire, dans l’intonation, dans le moindre geste de la jeune fille, et, ainsi que le baron, il s’étonna de n’avoir pas remarqué, dans le bal où il l’avait vue pour la première lois, toutes les séductions qui le char maient en ce moment. En sa qualité de quadragénaire, le baron n’aimait pas à languir, il voulut savoir tout de suite à quoi s’en tenir sur la réalité de la passion qu’il croyait avoir inspirée, et sous pré texte de juger les coups de la partie qui se débattait entre Mme du Theil et M. Hardouin, il vint s’asseoir à leur table, près d’Henri et en face d’Athénaïs. Après avoir donné cinq minutes d’attention au jeu, il se mêla peu à peu à la conversation des deux jeunes gens, et tout en constatant un redoublement de coquetterie dans l’accent et dans la pantomime d’Athénaïs, il fut bientôt con vaincu, en voyant le môme regard glisser dans la même di rection, qu’il était complètement étranger à ce manège, dont tout le bénéfice revenait à Louis Chambon. Le désappointement du baron fut d’autant plus vif, qu’il découvrit en même temps dans Mlle du Theil des charmes qui ne l’avaient pas frappé et dont Véclatante perfection se révéla subitement à lui, relevés encore en ce moment par le rayonnement de son regard et l’espèce d’auréole que ré pandait sur sa physionomie la surexcitation de toutes ses fa cultés. Athénais avait toutes les sortes de beautésqui pouvaient enflammer l’imagination d’un homme tel que le baron de Blinière, des bras, un col, une poitrine et des épaules à riva liser avec l’Europe du Guide ; puis avec tous ces charmes, splendides de fraîcheur et d’épanouissement, une tète sur laquelle se confondaient les deux typçssi opposés de la Montespan et delà Dubarry ; la fierté à la fois imposante et pas sionnée de la première, avec ce je ne sais quoi de finement railleur, de profondément féminin et de voluptueusement capricieux qui explique avec tant d’éloquence l’empire de la belle comtesse sur un roi tel que Louis XIV....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - fessenden
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