Extrait du journal

uoise, sourit dans son missel armorié, puis, ’un ton dégagé, dit à son mari : — Elle n’est pas mal, cette petite bour geoise. Jeanne, très émue, sentant les yeux sur elle, continuait sa quête : les pièces tom baient, nombreuses, dans sa bourse. Ensuite, ils allèrent à la sacristie ; et ce fut un moment plein de charme pour tous deux, la monnaie et les pièces renversées sur la table, avec le bruit des prières à quelques pas d’eux ; et, dans la sacristie, ce silence mystérieux qu’ils osaient à peine troubler... Raoul était tout étonné de ne trouver au cune fausse modestie, aucun embarras dans les façons de cette jeune fille. Elle avait quêté, parce que sa mère l'avait voulu ; et maintenant, elle attendait pour rendre ses comptes. Posément, sans un cliquetis, elle rangeait les rouleaux de gros sous et les piles de pièces d'argent. Il lui dit : — Mademoiselle, je n’ai encore rien dé posé ; permettez-moi... — Mon Dieu, fit-elle, donnez vous-même à un pauvre, cela vaudra mieux. — Comment ! Mademoiselle, vous dédai gnez une œuvre aussi méritante ? — Je n'aime point qu’on mêle la politique à la religion, Monsieur. Etait-ce que leçon que lui donnait la jeune fille ? Mais non ; aucune forfanterie sur ses traits ; elle disait ce qu’elle croyait être le vrai, le juste, simplement, honnêtement. Et Raoul cherchait vainement à se rendre compte de l'impression nouvelle qu’il res sentait auprès de cette plébéienne. — Alors, Mademoiselle, pourquoi avezvous quêté ? — Vous savez bien, Monsieur, qu’une jeune fille n’est pas toujours maîtresse de ses volontés. — De telle sorte que, si vous avez quété, c’est un peu par force ? — Oui, Monsieur ; je trouve que ce n’est point le rôle d'une jeune fille. — Et... si l’on vous avait consultée, vous...