Extrait du journal
JEUNES ET «IEILLES SEHERflTIOttS... On sait que, depuis deux ans environ, le gouvernement hitlérien cher che particulièrement à développer la natalité en Allemagne. Dans cet or dre d'idées, il marque les préoccupations du régime fasciste. Mais, tandis que depuis le début du XXy siècle, on peut dire que le mouvement de la population italienne s'est développé selon un rythme à peu près constant, le mouvement de la population allemande fait songer au débit de ces fleu ves de montagne, variable selon la saison. EN ALLEMAGNE C’est ainsi que pour la période 1928-1930 la moyenne des naissances allemandes a été de 1.152.000 ; leur nombre tombe à 1.029 000 pour 1931, à 978.000 pour 1932, à 957.000 pour 1933 ; il se relève d’un coup à 1.181.000 pour 1934, et il y aura certainement une nouvelle augmentation en 1935. L'examen de ces chiffres conduit à une constatation fort intéressante entre 1928 et 1933, on voyait communément dans la chute constante des naissances en Allemagne, la conséquence des conjonctures économiques, c’est-à-dire du développement de la crise. Or, celle-ci ne s’est pas atténuée depuis 1933. au contraire. Il faut donc admettre que l'accroissement ou la réduction des naissances est d'abord fonction de la nuptialité et de la structure sociale. Depuis deux ans, le nombre des jeunes ménages est passé en Allemagne de 509.000 en 1932, à 631.000 en 1933, et 730 000 en 1934. Les mesures sociales prises par le gouvernement pour faciliter les mariages, maintenir la femme dans la famille et enrayer le courant d'attraction vers la vie urbaine Sont incontestablement la cause de cette évolution. Mais, tout bilan démographique dans un pays donne comprend au moins quatre postes : enfants, adolescents, adultes, vieillards. Les trois premiers groupes constituent les postes positifs ou actifs, le dernier un poste passif. A ce point de vue en chiffres ronds, il y a, en Allemagne, 11 millions d'enfants au-dessous de neuf ans, 9 millions d’adolescents de 10 à 19 ans, 12 millions d’adultes de 20 à 29 ans, 10 millions de personnes entre 30 et 39 ans, 8 millions entre 40 et 49, 7 millions entre 50 et 59, 7 millions, âgées de plus de 60 ans. (En France, pour les mêmes catégories, on trou verait respectivement : 6 millions, encore 6 millions, 7 millions, 5 millions, 11 millions, 6 millions). Or, comme les générations nées pendant la guerre de 1914-1918 ont été relativement moins nombreuses, lorsqu’elles apparaîtront sur le devant de la scène, un double phénomène, se produira : d'une part, en dépit de tous les efforts, la nuptialité tombera, et par conséquent tombera aussi le nombre des naissances ; d'autre part, s’accroîtront les effectifs des grou pes composés par les générations plus âgées. Ce dernier fait sera d’autant plus marqué en Allemagne que ce pays est celui où les progrès de l'hy giène ont fait le plus diminuer la mortalité des vieillards. Il s’ensuit donc que, dans quelques années, la force vivante réelle du peuple allemand s’inscrira en décroissance et que celle-ci se maintiendra pendant presque deux décades, puisque ce n’est pas avant vingt ans, au moins, que la poli tique actuelle de natalité produira ses effets. Entre autres conséquences remarquables, le phénomène que nous indi quons affectera la vie économique allemande. En effet, la grande majorité du peuple allemand se compose de travailleurs, peu aisés, en général, quoi qu’on s’imagine à l'étranger, et dont l’existence, lorsqu’ils cessent de tra vailler, dépend uniquement des retraites versées par l’Etat au titre de l’assurance-vieillesse. L'économie allemande supporte très difficilement cette charge du paiement des assurances-vieillesse aujourd’hui, alors que les vieillards de plus de 65 ans constituent 7 % de la population. Comment la supportera-t-elle lorsque cette catégorie s’élèvera à 10 ; puis à 12 % ? Il y a ici les données d'un problème d'un haut intérêt. Nous nous bor nerons à constater qu’il parait résulter de ces diverses données qu’au moins pendant un certain nombre d’années assez prochaines, le potentiel de l'Allemagne ira en se réduisant, ce qui ne devrait pas inciter ce pays à courir alors les aventures extérieures. EN FRANCE ET EN POLOGNE A ce point de vue d'ailleurs il faut tenir encore compte de l’état dé mographique des grands voisins immédiats de l’Allemagne, ceux qui éven tuellement pourraient être menacés par elle : la France et la Pologne. Du premier, nous nous bornerons à constater ce que savent tous les Français qu'il est loin d’être satisfaisant. Par contre, la situation démographique de la Pologne, amie et alliée de la France, donne lieu à de rassurantes cons tatations. D’après les chiffres du recensement de 1931, la population de ce pays, alors de 32 millions d'habitants (aujourd’hui de 34) se répartissait entre les groupes suivants : , 8 millions d'enfants de moins de 9 ans. 6 millions d'adolescents de 10 à 19 ans. 6 millions 1 2 d'individus de 20 à 29 ans. 9 millions d’individus de 30 à 59 ans. 2 millions 1/2 d'individus de plus de 60 ans. i Cette statistique établit nettement que, si la Pologne compte peu de vieillards, par contre les générations d'âge moyen, c’est-à-dire celles dont l'action influe énergiquement sur le développement d’un pays voient sans cesse se renforcer leurs effectifs. Comme, d'autre part, la Pologne traverse depuis quinze ans ce que les statisticiens appellent la phase d’exubérance démographique, marquée par le plus fort coefficient d’accroissement de natalité et le plus fort coefficient d’excédent des naissances sur les décès en Europe elle conservera encore longtemps le bénéfice de la vitesse ac quise. Le renforcement constant qui en est la conséquence sera une précieuse garantie pour la consolidation effective de la paix dans l’Europe de l’Est, étant bien entendu que les faits démographiques n’ont — cela va de soi en raison des constantes substitutions et modifications de leurs données — qu'une valeur limitée aux phases immédiates de l’existence d'une nation. Docteur Jean A. MOLINIÉ, Député de l'Aveyron, membre de la Commission des Affaires étrangères....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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