Extrait du journal

Les sociétés anciennes, — et je veux parler en particulier des sociétés de Romeetde la Grèce, —présentent des différences extrêmement marquées, dans leur contexture, avec nos sociétés modernes. Aujourd’hui, que nous envisagions l'un quelconque des pays de grand développement capitaliste, l’Angleterre ou la France,l’Union Américaine ou l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse, nous trouvons en présence une classe de propriétaires relativement étroite, — et qui détient de formidables capitaux, dont elle fait usage pour asservir la majorité delà nation, — et une classe de gens sans propriété, qui tend à s’accroître sans cesse des éléments rejetés par la première, et qui est vouée à l’existence la plus instable et la plus précaire. Cette structure est relativement simple, puisqu’elle oppose l’un à l’autre, abstraction faite de certains détails intermédiaires, le prolétariat et la bourgeoisie, et j’ajouterai qu’elle tend déplus en plus à se simplifier, à offrir un aspect en quelque sorte schématique, au fur et à mesure qu’opèrent les forces écono miques, et que l’outillage de production augmente sa puis sance. Beaucoup plus compliquée est la constitution des sociétés de l’antiquité classique. Le prolétariat s’y révèle, pour ainsi dire, double. A côté de la plèbe libre, qui jouit des droits élé mentaires du citoyen, qui dispose de la faculté d’aller et de venir, de travailler et de chômer à ses heures, il y a une plèbe...