Extrait du journal

Bouchet est un premier rôle qui a eu aussi ses jours de gloire comme pensionnaire au ThéâtreFrançais. L utilité de l'Odéon ne serait pas reconnue qu’on la trouverait dans ce refuge qu'il accorde aux artistes qui ne peuvent se faire jour ailleurs. Pour les Coriolan de la rue Richelieu, l'Odéon est le pays des Volsques. Bouchet s’est fait justement applaudir dans le rôle de Sextus, de la Lucrèce de M. Ponsard, dans le Richelieu de M. Pelion, dans ! Exil de Machiavel, dans les Familles et enfin dans Tartuffe, qui est peut-être le rôle le plus difficile du répertoire ancien, en ce sens que ce rôle n'a pas besoin d’être chargé; au contraire, il faut le jouer avec une sorte d'hypocrisie simple; en l’outrant, on dépasse la pensée de Molière, et l'on est d’autant plus enclin à l'outrer qu’on espère se faire plus applaudir. Bouchet ne donne pas dans cet écueil, et il a raison. Nous comprenons très-bien que la Comédie-Française ne puisse ouvrir la porte à toutes les ambitions, assurer l’avenir de tous les artistes; mais comme il faut que tout le monde vive, un autre débouché est nécessaire, et ce débouché c’est l’Odéon. Donc les cent mille francs que l'Etat alloue à ce théâtre sont bien appliqués et l'existence de celle seconde scène est une impérieuse nécessité....