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Paris, 3 mars 1891

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Paris
3 mars 1891


Extrait du journal

Association de malfaiteurs. — Fan* acci dents et faux témoins. — Trois années d'agissements. — Les Sociétés escroquées. — Une centaine d'inculpés, etc. Nous avons déjà fourni qnelques renseigne ments sur cette vaste exploitation organisée par une bande de malfaiteurs de complicité avec quelques gardiens de la paix. L’affaire sur laquelle le parquet ne fait que commencer son instruction sera longue à éla borer; elle durera certainement plusieurs mois, et si elle est poursuivie jusqu’au bout, on pré voit qu’une centaine d’inculpés seront livrés à la justice. Les premiers renseignements fournis par nos confrères ne sont pas absolument exacts. Ainsi, il n’est pas question, pour l’instant, de faux bles sés ayant touché de plus ou moins fortes pri mes ; du moins l’enquête n’a encore rien relevé de semblable. Il s’agit d’accidents matériels : voitures bri sées, chevaux blessés, etc., accidents pour les quels il existerait un système de primes d’assu rances payées par différentes sociétés, mais ab solument distinctes des compagnies qui assurent les victimes d’accidents corporels. Aucune de ces dernières sociétés n’ayant porté plainte, on est donc en droit de supposer qu’il ne s'agit que de la première catégorie d’acci dents dont nous venons de parler. M. Albanel, juge d’instruction, est chargé de l'affaire, mais il a à peine pris connaissance des très volumineux dossiers qui s’entassent dans son cabinet. Des loueurs de voitures, des ouvriers carros siers, des cochers, et une quantité de personnes 3ui faisaient office de « témoins » sont impliqués ans l’affaire. Ingénieuse escroquerie Voici comment procédaient ces escrocs: Un loueur de voitures informait la Compagnie à laquelle il était assuré qu’un accident venait d’arriver à l'une de scs voitures, et demandait l'indemnité d'usage. A sa lettre étaient joints : une déclaration du cocher qui conduisait la voiture, une attestation de deux témoins de l’accident, et parfois un rap port de gardien de la paix. La Compagnie faisait examiner la voiture dé tériorée par un de ses inspecteurs qui constatait en effet que la voiture n° ... avait soit une roue brisée, soit un essieu cassé, etc. 11 faisait son rapport en conséquence et la Compagnie payait. Or, rien de tout cela n’était exact. Il n’y avait pas eu d’accident. Le loueur, le cocher, les té moins, parfois le gardien de la paix et, comme on le verra, le vérificateur de l'assurance, étaient complices. Nous expliquerons plus loin comment ces escroqueries ou été decouvertes. Ajoutons que les compagnies ainsi escroquées sont nombreuses. Citons : la Caisse générale des familles, qui a mis la police au courant de l’af faire en portant plainte; la Prévoyance ; V Ur baine et la Seine; le Nord; le Patrimoine; la Pro vidence, etc... Les arrestations Nous avons dit que les arrestations, s’élève raient au nombre de cent probablement. Deux gardiens de la paix seulement, les nommés Le fèvre, du seizième arrondissement, qui compte quatorze années de services, et Peters, du pre mier arrondissement, qui en compte 18, ont été écroués à Mazas. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres, car l'instruction en surveille plusieurs, véhémentement soupçonnés d’avoir faitpartie de l’association. On estime que depuis deux ans, Peters a pu toucher du fait de ses faux témoignages une somme d’environ deux à trois mille francs. Quant à Lefèvre, il paraît avoir été entraîné dans l'affaire trop naïvement pour que sa culpa bilité soit aussi grave que celle de Peters. Au nombre des inculpés arrêtés figurent, en outre, les nommés Lucas, vérificateur à la Caisse des Familles, et un gros loueur de voitures, nommé V..., qui paraît être le chef de l'association. Quant aux personnes qui faisaient office de « témoins », plusieurs ont été entendues et re mises en liberté provisoire ; d’autres ont été gardées, notamment le cocher P... et un ancien carrossier, nommé L..., fournisseur d’accessoires, c’est-à-dire de vieilles guimbardes que le co cher qui cherchait « son accident » avait ordre de lancer contre le premier tramway venu ; le i tour était fait, ou tout au moins un des tours,...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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