Extrait du journal

formations et cette abondance de révéla tions, d’indiscrétions, qu’on recherche aujourd’hui dans les faits littéraires comme dans la politique. Tous ceux qui vont régulièrement aux courses sont assez renseignés pour dé fendre leur argent. Sans doute il y a les surprises, les tuyaux, les tricheries même, mais est-ce que tout cela ne se rencontre pas dans le commerce, dans les affaires ? Il résulte de cette compétence certaine du public sportif que les joueurs pincés aujourd’hui en flagrant délit de jeu pour raient parfaitementpoursuivre les agents en arrestation illégale, laloine punissant pas le jeu des courses. Mais le procès serait scabreux, et il est à prévoir que les joueurs ne joueront pas, d’autant plus que les bookmakers seront invisibles. Il n’y aura donc ni combat avec la force armée, ni lutte de papier timbré. 11 y aura mécontentement et irritation, voilà tout. Seulement cet état de choses ne pourra durer. On se doute que ne pouvant plus parier, le public n’irait plus aux courses. D'où suppression des réunions, des allo cations, au grand dommage des éleveurs. Il est évident qu'on cherchera à revenir sur celle interdiction si brusque, si radi cale. On commence à trouver à la Cham bre que le ministre de l’intérieur a poussé trop loin son goût de la moralisation pu blique. Au fond, il ne demande qu’une occasion de se rétracter. La Chambre aussi. 11 est à souhaiter que la journée d’aujourd’hui se passe sans incidents et que la bataille d’Auteuil, qui rappelle un peu la bataille de Clichy qui immortalisa le petit Pinard, se termine par une vic toire du bon sens. Il est impossible de supprimer le jeu à moins de supprimer les joueurs, mais il est fort possible de réglementer, d’ad ministrer les endroits où l’on assouvit cette passion. Priver la Ville de Paris de l’animation, de la dépense, des recettes que les courses entraînent en échange des primes et des encouragements que la multiplicité des réunions de cour ses produit, c’est véritablement abuser du droit d’être vertueux. Il ne faut pas abuser des meilleures choses. Les courses, sans doute, avaient pris trop d’extension en fournissant à la classe pauvre de dangereuses tentations. Il est permis de réagir contre cernai; mais balayer avec la troupe l’hippodrome pour empêcher un garçon coiffeur de se ruiner, c’est véritablement prendre un sabre pour couper un cor, avec le pied qui en est affligé. La journée d’aujour d'hui démontrera l’excès des précautions prises comme l’erreur de la Chambre. Nos vertueux législateurs n’ont-ils pas surtout réussi à prouver la vitalité des courses en France en voulant les tuer? E. Lepelletier....