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Paris, 11 avril 1894

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Paris
11 avril 1894


Extrait du journal

Les officiers joueurs. — Une industrie productive. — Le procès de demain. (De notre correspondant particulier) Berlin, 10 avril. Dans des informations antérieures, je vous ai donné un aperçu édifiant de la composition du corps d’officiers de l’armée allemande. Je vous ai montre la noblesse gardienne farou che de l’inaccession des roturiers aux grades, les procédés de découragement et d’éviction. Je vous ai énuméré les nombreux régiments qui n’ont que des officiers titrés ; d’aucuns même n’admettent que des nobles de toute ancienneté, ayant au moins le titre de comte, ou bien exigent des vicomtes et des barons une situation de fortune exceptionnelle. Celte noblesse veut mener la grande vie et le jeu est l’une de ses ressources. Vous savez déjà par le récent procès de Ha novre comment les choses se passent. Mais un nouveau procès qui devait être plaidé jeudi dernier et qui a dû être ajourné à huitaine, révèle de nouveaux faits réelle ment monstrueux. L’accusation A Berlin, comme à Hanovre, un riche ban quier s’est fait le bailleur de fonds des offi ciers « de la cavalerie ». Par des prospectus sous pli cacheté il envoyait aux adresses que lu1" indiquaient ses rabatteurs des prospectus dans lesquels il formulait des offres d’avances de fonds. Mais pour se couvrir lui-même il adressait les emprunteurs à des tiers, ses hommes de paille, lesquels posaient leurs con ditions aux officiers en mal d’argent. On s’en tendait toujours et les emprunteurs consenta ent à signer des traites et reconnaissances à raison de 6') à 80 0/0, soit pour 10,000 marcs avancés, de G0 à 80,000 marcs à restituer après un délai fixé. Le banquier,qui a nom Wildenow, et qui est déjà en prison détentive depuis onze mois, avait même poussé le raffinement jusqu’à installer une fabrique de traites pour éviter les contrefaçons et les détériorations. Il y a même mieux, et ce détail montre toute la ma lice du prévenu, aux officiers de garnison de province, peu fortunés, mais désireux « de voir Berlin », il promettait des avances pour défrayer leurs frais de route et de séjour dans la capitale. L’acte d’accusation énumère ensuite les noms des victimes assignées en témoignage....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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