Extrait du journal

LES VOYAGES DE GUILLAUME II Ce qu’en pensent les Berlinois. — Es pérances compromises. (De notre correspondant particulier) Berlin, 11 avril. Contrairement à ce qu’on pourrait supposer au dehors, les voyages actuels de l’empereur ne recueillent dans le monde berlinois qu’une très froide approbation. Beaucoup de gens discutent même fort vivement l’opportunité de l’entrevue de Venise. Le voyage à Abbazzia, dit-on, a jeté à l’arrière-plan le bon effet produit par le traité russo-allemand qui donnait toute espérance en faveur d’un rapprochement avec la Russie sur le terrain politique. Entrevues inopportunes Un Berlinois, chauvin farouche, m’a dit : Ces visites aux alliés nous rejettent dans les erre ments de la triple alliance, aux effets funestes pour les finances du pays, stériles pour la paix. Pour Abbazzia,passe encore, n la rigueur on peut justifier la cure; mais Vienne ensuite, mais surtout Venise? Ces congratulations avec un souverain dont le trône est ébranlé, c’est plus que de la compromission, c’est de la pire imprudence. A la vérité, il faut dire une fois pour toutes que depuis le départ du prince de Bismarck, nous n’apercevons plus au juste l’importance de l’alliance italienne. On dirait que l'empereur a obéi à un coup de tête inspiré par des événements étranges : la diplomatie allemande a-t-elle réellement cherché à obtenir pour l’empereur Guillaume une entrevue avec Alexandre 111 ? A-t-elle échoué et est-ce par dépit que le souverain a fait ce bruyant voyage à Abbazzia, Venise, Vienne? On le croirait"et ce qui donne plus de force à cette supposition c’est qu’on an nonce maintenant que le tsarewitch n’assis tera pas au mariage du grand-duc de Hesse avec la princesse Victoria de Saxe-CobourgGotlia....