Extrait du journal
il veut bien assister, c’est le prêtre que suit M. de Saint-Vallier, et non pas celui qu’on enterre. Si l’ami le plus cher de l’honorable sénateur, venant à mourir, était enterré civilement, il est entendu que M. de Saint-Vallier resterait chez lui, à Coucy-les-Eppes. Ce sont là, après tout, affaires de tempérament, d’éducation, de milieu. Chacun est libre, à cet égard, de penser et do faire ce qu’il veut, et nous nous garderions bien de discuter pa reilles choses si nous nous trouvions en face d’un humble mortel. Mais dés l’instant où il s’agit d’une per sonnalité politique en vue, d’autres ré flexions s’imposent à nous. M. le comte de Saint-Vallier est sénateur ; M. Louis Blanc pouvait l’être. Qu’aurait fait M. dc Saint-Vallier si le sort l’eût désigné pour assister aux funérailles de son col lègue ? Se serait-il abrité derrière ses opinions potfr n’y point paraître? Et ad mettrait-il que demain, dans une déléga tion de la Chambre, lés uns refusassent de suivre un convoi catholique, parce qu’ils sont libre-penscurs, d’autres parce qu’ils sont protestants, d’autres, enfin, parce qu’ils sont Israélites. Ce serait, il nous semble, faire assez bon marché d’un sentiment, en somme très respectable, d’esprit de corps et de fraternité, qui groupe autour des cercueils des collègues qui s’en vont, des hommes de tous les partis et de toutes les religions, comme pour bien attester que, devant la mort, toutes les divisions s’effacent, II y a plus : M. le comte de Saint-Val lier a été ambassadeur. C’est même un diplomate de profession, un homme de la carrière, et ce n’est donc pas à lui que nous nous permettrons d’en rappeler les traditions. Nous prendrons seulement la liberté de demander à un ancien re présentant de la France qui, sans nul doute, aspire à le redevenir, ce qu’il ferait s’il se trouvait jamais placé entre ses obligations d’ambassadeur et les opinions dont il parle ? 11 y a quelques années, M. de Saint-Vallier s’en souvient comme nous, mourut à Bruxelles un homme de bien, haut placé dans l’estime et la fa veur publiques, M. le bourgmestre Anspacli. Ses obsèques furent purement civilesctn’cn furent pas moins magnifiques. La cour de Belgique s’y fit représenter ; les représentants des puissances étran gères suivirent le convoi. M. le comte, de Saint-Vallier, soit dit sans le blesser, aurait pu être alors notre ministre à Bruxelles. Qu’aurait-il fait? Et, mieux encore, que ferait-il demain, si le hasard des circonstances le ramenait à Berlin, et M. de Bismarck venant à mourir, il plai sait au prince chancelier de se passer de prêtre dans sa dernière promenade en voiture? Nous posons simplement la question à l’honorable M. de Saint-Val lier, en lui faisant observer qu’il y a des moments, dans la vie d’un ambassadeur, où l’on ne peut être ni souffrant ni à la campagne, et que l’on n’a pas toujours, d’ailleurs, Coucy-les-Eppes sous la main. Emmanuel Arènb....
À propos
Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.
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