Extrait du journal

La France manque d'hommes Quelques exemples navranis.— Horribles détails sur le rôle des Parlementaires C'est une constatation vraiment bien douloureuse à faire ; mais il n’y a pas à dire : mon bel ami. Il n’y a plus d’hommes intelligents en France, rien que des mazettes, hélas ! et quand on a besoin d’un fonctionnaire, on n’en trou ve plus et il faut en appeler au dévoue ment désintéressé — oh, combien ! et bien connu des parlementaires. Quelques exemples vont illustrer ma démonstration. On avait besoin d’un pro fesseur pour directeur de l’Ecole Centra le ; impossible d’en trouver un et l’on a dû nommer un sénateur. On voulait trouver un diplomate pour l’envoyer am bassadeur à Berne ; impossible, et il a encore fallu prendre un sénateur ! 'fous nos préfets sont des idiots et l’on a été obligé encore de prendre un sénateur comme préfet de la Seine. Quant aûx gouverneurs de colonies., ce sont de vraies brutes et le gouvernement, à son grand regret, a encore été obligé d’aller chercher un député pour en faire un gouverneur général de l’Algérie. Quand on a voulu envoyer deux com missaires généraux pour représenter la France à l’Exposition de Buenos-Ayres, il a encore fallu recourir au dévouement bien connu des Parlementaires, car enfin, en France, en dehors des Députés et des Sénateurs, il n'y a plus que des crétins, chacun sait ça ! Dans la Magistrature, partout le mê me crétinisme, la même imbécillité et il a encore fallu aller chercher un sénateur pour en faire un premier Président de la Cour ! En vérité, c’est navrant et si nos parlementaires ne se dévouaient pas pour être conseiller municipaux, maires, conseillers généraux et d’arron dissement, on se demande avec tristesse ce que la France deviendrait ! C’est à ce point que devant une telle pénurie d’hommes intelligents, le Président du Conseil veut faire voter une loi ainsi conçue : Article unique : toutes les places et toutes les fonctions appartiennent de droit aux Parlementaires. Pendant que j’écris ces lignes vraiment douloureuses, un vieux copain d’enfance, un sale type, le nommé Populo, s’écrie *: — Dis donc, mon vieux, si nous f... tout cela en l'air ? Comme il y a des gens tout de même qui ont le caractère mal fait, pour en arriver à méconnaître le dévouement et l’abnégation si connus de nos représentants ! — Pas du peuple toujours ! — Te tairas-tu, vermine....