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Paris, 28 mai 1896

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Paris
28 mai 1896


Extrait du journal

Les interpellations — La question financière.—Session laborieuse. Les vacances parlementaires sont ter minées : les Chambres reprennent demain ce qu’on est convenu d’appeler leur tra vaux. L’ordre du jour du Sénat, conformé ment à un antique usage, ne porte rien ; la Chambre haute ne se décidera pas avant la semaine prochaine à y inscrire quelque projet important comme celui de la ré forme des boissons qui attend depuis huit mois environ au Luxembourg, et qui n’en sortira que profondément modifié pour retourner au Palais-Bourbon. L’ordre du jour de la Chambre ne tient pas moins de trois colonnes du Journal officiel. Mais il y a dans cette énuméra tion des projets qui y sommeillent depuis des années et que nos arrière-neveux y retrouveront encore. En regard des deux premiers numéros, trois interpellations : une de M. Julien Dumas sur les abus com mis au cours des instructions judiciaires, et les deux autres, de M. Fleury-Ravarin et de M. Saint-Germain sur les affaires d’Algérie. Mais ce chapitre aura une suite. Plusieurs autres interpellations ont été annoncées pendant les vacances, et il est d’usage que le jour de la rentrée, elles pleuvent sur le bureau du président. Ci tons au hasard celle de M. Clovis Hugues sur la manifestation des bonapartistes à la colonne Vendôme, celle de M. Rouanet sur la réintégration de l’intendant géné ral Baratier, et une troisième de M. Jaurès au ministre de l’intérieur sur son récent mouvement administratif. Bien que les deux dernières puissent donner lieu à un vif débat, on ne voit pas encore très bien sur quel terrain les ad versaires du gouvernement vont se placer pour livrer la première grande bataille; car vous ne supposez pas qu’on veuille laisser le cabinet Méline bien tranquille et qu’on compte travailler plus sérieuse ment pendant cette fin de législature que pendant le commencement. Tout compte fait, il est possible que ce soit la question financière qui serve de machine contre le ministère : l’impôt sur la Rente promet d’être le digne pendant de l’impôt sur le Revenu. On a beau répé ter que le projet de M. Cochery, accepté après bien des tiraillements par le gou vernement, réunira une majorité de 400 voix ; les radicaux estiment, non sans raison peut-être, que son application est impossible et que finalement la Chambre étant condamnée à l’impuissance, c’est le cabinet qui fera les frais de cette pénible constatation. Quoi qu'il en soit, la session promet d’être laborieuse dans la plus mauvaise acception du mot. Un membre de la commission du bud get disait très haut, l’autre jour,'dans le salon de la Paix : « Il faut faire quelque chose, dussions-nous rester en session jusqu’au 15 août! » Cette perspective n’est pas précisément réjouissante, et nous doutons que le pays lui-même la trouve de son goût. P. P....

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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